Lecture terminée le : 17 février 2020
Résumé : Les Yokaïs se regroupent pour lutter contre les humains, dans une guerre féroce et sanglante.
Alors que le combat approche, Maya se révolte en pensant aux innocents qui vont mourir.
La menace humaine est réelle, mais si elle venait également d’ailleurs ?
Auteur : Cassandra O'Donnell
Edition : Flammarion
Genre : Jeunesse
Date de parution : 20 Novembre 2019
Prix moyen : 15€
Mon avis : Dans ce 3ème tome, après le clan des loups et le clan des tigres, on en apprend un plus sur le clan des serpents.
Autre clan, autres mœurs et celui-ci est un vrai panier de crabe où chaque membre obéi par peur en attendant de trouver le courage d’assassiner le roi en exercice, et pas forcément à la loyale comme ce serait le cas dans un défi lancé à l’Alpha du clan des loups par un de ses subordonnés. D’ailleurs, si la traitrise est vu d’un sale œil par les lupaï et les Taïgan, clairement chez les Serpaï, pas vu pas pris et si un serpaï réussi son coup, il gagne le trône sans plus de cérémonie.
Du coup, les serpents ont une vie bien plus solitaire que les autres clans étant donné que les femelles sont aussi retorses que les mâles et n’hésitent pas à assassiner leur compagnon dans son sommeil pour atteindre le pouvoir.
C’est dans le clan des serpents que l’on entend parler pour la première fois de manière très claire de la « maladie » qui frappe les Yokaï, souvent les plus âgés. Une maladie qui leur fait perdre leur part d’humanité et agir comme des bêtes sauvages sans conscience.
Les Yokaï, par nature ennemis les uns des autres, ont décidé de lancer un plan, d’extermination de la race humaine et donc d’allier les forces des différents clans pour ce faire.
Mais tout le monde n’accepte pas cette éradication, ce qui risque de provoquer quelques dissensions.
Wan se montre plus humain quand il est avec Maya, même s’il s’en défend vertement, et cela n’échappe pas à son clan. Après, est ce que ça le rend plus faible ou plus fort, là est toute la question.
J’ai vraiment aimé que Maya reste fidèle à ses convictions, même si elles ne font pas l’unanimité parmi les Yokaï, et aussi qu’elle tienne tête à son alpha de père et à Bregan, qui s’est plus ou moins autoproclamé roi des Taigan, qui l’enfermeraient volontiers sous une jolie cloche de verre pour la protéger si elle se laissait faire.
On peut pratiquement dire qu’elle est seule contre tous, car, même ceux qui ne sont pas contre ses idées, ne veulent pas qu’elle prenne de risque pour les imposer. Cependant elle reste celle qui défend le plus ses convictions, ne faisant des concessions qu’à contrecœur.
Remarquez, que je ne suis pas forcément une pro-humain dans cet univers. Enfin pas tellement des humains en eux même, mais les masses sont manipulés et contrôlé par cette espèce de groupe anti-Yokaï, Résilience, qui ne respecte même pas sa propre espèce, qui n’est motivé que par l’argent et le pouvoir et qui eux, méritent amplement l’éradication.
Autre chose que j’ai beaucoup aimé dans ce tome, c’est qu’on commence à avoir un aperçu du clan des aigles. Comme il vit dans les hauteurs et ne se mêle pour ainsi dire pas aux autres, il reste très mystérieux.
D’eux on ne connait finalement que Nel, qui ne semble pas être une fidèle représentante des mœurs de sa race, et la Reine et mère de Nel, Aeyon, qui était déjà pénible, rigide et vindicative mais qui depuis semble avoir carrément tourné psychopathe ! Avec une telle mère, Nel a bien du mérite de ne pas être plus perturbée (et perturbante) que ça !
J’ai vraiment le sentiment que Nel va devoir supporter de lourdes responsabilités et prendre une décision bien difficile pour son âge (même si les aigles semblent mûrir plus vite que les autres Yokaï). Vu les quelques échanges auxquels ont assistent entre la mère et la fille, j’ai vraiment très envie d’en découvrir plus sur leur clan.
La guerre qu’ont déclenché les clans (eux diront sans doute que ce sont les humains qui l’ont déclenchée) ne va pas être de tout repos et les humains semblent bien décidés à vendre chèrement leur peau. Les Yokaï ne vont pas traverser ces combats sans lourdes pertes et je ne suis pas sûre qu’ils s’attendaient à une telle résistance.
Du coup, à présent, j’ai vraiment hâte de lire le 4ème et dernier tome, (qui, à l’heure où j’écris cette chronique devrait sortir dans quelques mois) autant pour en savoir plus sur le clan des Rapaï que pour connaitre la fin de toute cette histoire.
Un extrait : Le jour était levé depuis de nombreuses heures lorsque le chariot était entré sur les terres frontalières qui longeaient le territoire des loups. Le cœur battant, la gorge sèche, les yeux scrutant avec anxiété le chemin qui défilait sous les sabots des chevaux, les occupants du chariot avaient roulé depuis, sans faire de halte ni prendre le moindre repos.
— Tu entends ces hurlements ? demanda Ronan, le regard braqué sur la forêt qui se dessinait au loin, trop proches, nous sommes trop proches…
— Tiens, bois un coup, ça te détendra, affirma Bert, son compagnon de voyage, un petit homme au front dégarni et aux joues creuses, en lui tendant sa gourde de vin.
Ronan prit la gourde et but une gorgée sans relâcher son attention. Il avait de bonnes raisons d’être inquiet. La semaine précédente, les Yokaïs avaient attaqué tous les villages situés à proximité de leurs terres et on racontait qu’ils venaient à présent de s’emparer de la petite ville de Tedeskah.
— Je savais que ça finirait mal ! On leur avait dit qu’il fallait être complètement fou pour défier les bêtes, mais penses-tu qu’ils nous ont écoutés ? Non, non, bien sûr que non, pourquoi l’auraient-ils fait ? Après tout, on n’est que des frontaliens ! grogna Ronan dans sa barbe.
— Ces gens n’ont même jamais croisé un Taïgan ou un Serpaï de leur vie, alors comment voulais-tu qu’ils comprennent ? soupira Bert.
Non, ceux qui habitaient les grandes cités n’avaient pas compris. Ils n’avaient pas écouté les frontaliens, les habitants qui résidaient dans les villages situés aux limites des terres Yokaïs, quand ils leur avaient expliqué à quel point les bêtes étaient puissantes et dangereuses. Et à présent, il était trop tard. « Petite colline », « Grande prairie », « Terre fertile », « Grand bosquet » et tous les autres bourgs frontaliens avaient disparu…
— Ne leur cherche pas d’excuse, on les avait avertis du danger ! On leur avait dit ce qui allait se passer ! C’est leur faute ! Tu n’étais pas là, mais moi j’ai vu, j’ai vu les cadavres mutilés de ces pauvres gens, j’ai vu les mères regarder en hurlant les bêtes dévorer leurs enfants !
Le ton de Ronan était si amer qu’il pouvait pratiquement sentir un goût acide lui brûler la langue. Caché en haut d’un arbre, il avait miraculeusement échappé au massacre de « Grande prairie », mais les scènes atroces auxquelles il avait assisté hantaient chacune de ses nuits et il se réveillait tous les matins en tremblant, le front couvert de sueur et des larmes coulant sur ses joues.