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Premières lignes #85

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Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

Cette semaine, je vous présente Echange fatal de Siobhàn MacDonald

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Elle n’aurait jamais tenu aussi facilement dans le coffre de sa voiture à lui. Il pose deux doigts contre son joli cou et appuie légèrement. Au cas où. Aucun pouls. Le coup a été fatal. Il glisse vers elle un ultime regard puis referme le coffre.
Il a les mains couvertes de son sang. Oscar contemple les curieux motifs qui se forment sur sa peau pâle. Pas de gants en latex, cette fois-ci. Il tente de réfléchir. Dans le froid, il bouge à peine, et regarde les minuscules perles rouges glisser le long de ses poils rêches jusqu’à son alliance. Son ventre le brûle – la sensation remonte jusqu’à sa poitrine. Il perd le contrôle ; sa respiration saccadée dessine des nuages dans l’obscurité. Oscar est en panique. En l’espace de trois minutes, l’homme s’est mué en un animal tremblant.
De l’autre côté de la rue, l’eau des chutes déferle. Oscar a déjà connu ce sentiment. C’était il y a longtemps, mais le souvenir est encore vivace. En CM1, il flanque à Annabel Klein un tel coup de poing au ventre que la fille vomit. Un autre souvenir le traverse. Cette fois, il est penché au-dessus de Brigitte et la regarde mourir. Au loin retentit un funèbre carillon. Ce qui est fait est fait.
Un soudain battement d’ailes. Oscar lève les yeux et voit une nuée de cygnes piquer à travers le ciel du soir. Une bruine se met à tomber ; le clapotis des gouttes se fait entendre sur les sacs en plastique qui jonchent le sol à ses pieds. Les éclats de verre d’un bocal brisé se mêlent à des sachets de pop-corn éventrés. À côté gisent une banane écrasée – la pulpe débordant de la peau – et un paquet de brownies maculé de sang.
Ne devrait-il pas inspecter une dernière fois le coffre de la voiture pour en avoir le cœur net ?
Du bout des doigts, il cherche la poignée. C’est une berline, une Volkswagen. Différente de sa BMW. La voiture dans laquelle ils s’étaient querellés, tentant de réparer les choses. Il avait tellement voulu rectifier le tir. Ses doigts glissent de gauche à droite à la recherche de la poignée. Il y a du sang partout sur l’insigne VW. Enfin, la voilà.
— Papa ?
Il s’immobilise. Il n’avait pas vu les enfants s’avancer prudemment sur les gravillons.
— Elliot ?
Son fils de neuf ans, en pyjama dans l’allée, est tout tremblant. Derrière lui se trouve Jess, sa fille de douze ans.
— Ça fait un temps fou que t’es sorti, papa, dit Elliot.
C’est plus une question qu’une affirmation.
Jess, perplexe, ouvre de grands yeux innocents. Il la voit balayer du regard ce qui reste des courses répandues dans l’allée. Pas question que ses enfants apprennent ce qui vient de se passer. Il faut les protéger, coûte que coûte. Ces acouphènes qui le reprennent. Sa bouche dessine un sourire forcé, qu’il espère convaincant.
Le visage de Jess devient livide à mesure qu’elle progresse vers lui. Il peine à supporter le bruit dans ses oreilles.
— Qu’est-ce qu’il y a, Jess ?
Il voit la bouche de sa fille bouger. Elle lui demande quelque chose.
— Qu’est-ce que tu as dit ? crie-t-il.
— Où est maman ? crie-t-elle à son tour.

 

Alors, tentés?

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