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  • [Livre] Les orphelins du Grand Nord

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    Résumé : Au centre du Canada, à la limite de la grande forêt boréale... Allie a 15 ans, et elle est orpheline.
    Le petit loup a quelques jours, et il est orphelin.
    Elle nourrit, soigne, cajole la fragile boule de poils terrorisée. Elle l'appele Rolph. Maintenant, ils se regardent avec tendresse ; même, ils se sourient. Ils ne sont plus orphelins.
    Une histoire d'amour commence.
    Qui apprendra la liberté à l'autre ?
    Au cœur du monde sauvage où elle vit, Allie n'est pas seule : des gens qui l'aiment l'accompagnent dans son aventure. Et même ce garçon venu de France qui, au début, ne comprend rien à l'univers de passion et de grandeur de la jeune fille.


    Auteur : Elina Vincent

     

    Edition : Edition de la Seine

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 2004

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Je ne suis pas une grande adepte des livres nature writing ou s’en approchant. Dans le cadre du Cold Winter Challenge, il fallait lire un livre de ce type et, comme j’ai horreur de laisser une catégorie vide, je me suis mise à la recherche d’un livre qui pourrait me convenir.
    Ce livre est très bien écrit et très poignant.
    Le fait que l’auteur n’ait eu que 15 ans quand elle l’a écrit renforce ce sentiment car on ne s’attend pas à une telle sensibilité chez quelqu’un de si jeune.
    Si j’ai beaucoup aimé ce livre, malgré tout, tout au long de ma lecture, j’ai eu un sentiment d’oppression. Le deuil d’Aurélie et Matty, la colère d’Aurélie, le désarroi de Matty… et le sentiment persistant que l’histoire entre Aurélie et louveteau, Rolph, ne peut que mal se terminer, tout ceci n’était certainement pas étranger à cette sensation.
    Concernant Aurélie, j’ai souvent hésité entre compassion et agacement. Compassion parce que des personnes, autour d’elle, semblent penser qu’après un peu plus de deux ans, elle devrait avoir fait le deuil de ses parents. Mais comment se remettre d’une telle perte quand on a son âge ? D’une perte aussi brutale qui plus est. Agacement à cause de son agressivité permanente, notamment envers Matthieu qu’elle décide de détester au premier regard, sans rien savoir de lui.
    Pour Matty c’est différent. Oui il est collant, possessif, parfois méchant dès qu’il a l’impression que sa sœur lui échappe, mais j’ai l’impression que personne ne lui a posé de limite après la mort de ses parents, et maintenant, 2 ans plus tard, il ne comprend pas pourquoi les choses devraient changer, pourquoi il devrait soudainement reprendre une vie normale comme si de rien n’était.

    La relation qui se noue entre Aurélie et Rolph est puissante, d’autant plus qu’elle a été presque immédiate.
    Greg m’a d’ailleurs énervée car il dit aimer les loups et ne vouloir que leur bien mais il refuse de faire le nécessaire pour les réhabiliter à la vie sauvage. Je ne sais pas si c’est par paresse ou incompétence. J’ai même eu le sentiment que, comme Matty, il était dévoré par la jalousie. Aurélie arrive à s’occuper d’un louveteau tout en lui conservant les instincts nécessaires à la vie sauvage alors que lui-même ne peut même pas approcher l’animal. On dirait qu’il le prend comme un affront personnel. J’ai trouvé son attitude bien peu digne de l’affection que lui porte Aurélie et l’adolescente ne va pas se priver de lui dire ses quatre vérités.

    Mathieu lui aussi est blessé par la vie. Mais sa souffrance est presque amenuisée par le drame vécu par Aurélie, comme si le fait que ses parents à elle soient morts l’empêchait lui de souffrir du divorce de ses parents et des relations conflictuelles qu’il entretient avec eux.
    La relation qui unie ces deux-là est houleuse, compliquée et en dents de scie.

    Il y a quelques incohérences au fil du récit, notamment sur l’âge d’Aurélie, mais rien de vraiment dérangeant.

    La fin est juste parfaite à mes yeux. On n’est pas dans un conte de fée et un happy end aurait totalement manqué de crédibilité. Comme la vie, la fin n’est pas parfaite, pas entièrement heureuse, mais pas non plus dramatique.

    Au travers de son récit, Elina Vincent partage avec nous ses réflexions sur la nature, la place de l’homme et les conséquences de ses actes sur la faune.
    Si ce roman a quelques défauts, il en a étonnamment peu quand on considère l’inexpérience de l’auteur.
    Si elle décide d’écrire un autre roman, il se pourrait qu’il soit exceptionnel.

     

    Un extrait : La nuit tombait, lentement, sur le Canada.

    C’était une nuit claire, fraîche et sans étoiles. La lune, pleine et argentée, éclairait les sous-bois de sa lueur blanchâtre et les arbres, aux lourdes branches recouvertes de neige, s’inclinaient sans bruit sous le souffle du vent.

    Un loup hurla.

    Un beau hurlement, puissant et grave, dont les notes harmonieuses s’élevèrent vers le ciel avant de se muer en un appel plus triste, et de s’évanouir.

    Le hurlement d’un chef de meute : vibrant d’une sauvagerie sans fin et sans mesure. Alors une louve souple et gracile, à la splendide fourrure grise, se détacha de l’ombre pour rejoindre le mâle et, dans un gémissement, s’immobilisa au milieu d’une vaste clairière déserte.

    Les pas feutrés du chasseur se firent plus silencieux sur la neige. Les loups sentirent son odeur, redressèrent la tête, tendirent l’oreille.

    L’odeur de l’homme… du danger. Ils hésitèrent, figés, les sens en alerte. Puis à son approche ils prirent la fuite, aussitôt suivis par toute la meute.

    L’homme devina juste des ombres, des froissements dans les branches. Il épaula précipitamment son fusil et tira… Un coup de feu, puis plus rien. La brusque détonation retentit dans la nuit comme un cri de victoire et le silence se fit lourd, pesant.

    La louve venait de s’effondrer sans bruit.

    L’homme s’approcha d’elle, sur ses gardes, et examina la blessure d’où s’échappait un mince filet de sang qui rougissait la neige. Elle était morte.

    De longues minutes s’écoulèrent avant qu’un autre hurlement, déjà lointain mais déchirant, fasse à nouveau trembler les montagnes rendormies. L’homme leva la tête mais demeura immobile, les doigts sur la crosse du fusil. Puis il passa une main experte sur le flanc de la louve morte ; elle allaitait des petits. C’était une mère.

     

    Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg