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[Livre] Nord et Sud

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Résumé : Après un long séjour à Londres chez sa tante, Margaret Hale regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l'Eglise et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton.


Auteur : Elizabeth Gaskell

 

Edition : Points

 

Genre : Classique

 

Date de parution : 25 novembre 2010 ; première édition : 1855

 

Prix moyen : 9€

 

Mon avis : A l’instar de Jane Austen ou des sœurs Brontë, Elizabeth Gaskell, bien que moins connue, dépeint les interactions sociales de son époque.
Ici, l’héroïne, Margaret, a bien du mal à se faire aux conflits permanent existant entre ouvriers et patrons dans une petite ville industrielle du nord de l’Angleterre.
Les différences entre la manière de vivre dans le sud, conservateur, ou le travail ne manque pas mais se fait sur un rythme plus lent, la population vivant surtout de l’agriculture, et celle de vivre dans le nord, où la rapidité d’exécution n’est jamais suffisante et où l’industrialisation menace sans cesse le travail des ouvriers. Margaret assiste également à un vrai rapport de force entre ces derniers et les patrons. Elle se montre choquée que l’on puisse de rebeller contre ses supérieurs et, bien qu’elle éprouve un certain mépris pour les patrons qui ne sont à ses yeux que des commerçants, donc indigne de son attention, elle a tendance à leur donner raison dans la lutte qui oppose les deux classes.
Cependant, puisque Margaret se retrouve au milieu de gens qu’elle considère comme des inférieurs tous autant qu’ils sont, elle arrive à se montrer plus partiale et à écouter les deux parties dans tout ce qui concerne la grève. Elle comprend la souffrance que constitue le manque d’argent chez les ouvriers comme les contraintes économiques qui « empêchent » les patrons d’augmenter les salaires.
J’ai regretté qu’elle ne dise pas à Thornton qu’il pourrait expliquer à ses ouvriers pourquoi il ne peut augmenter les salaires, plutôt que de leur dire qu’il n’a pas de comptes à leur rendre.
Si la manière de raconter la société contemporaine de l’auteur évoque celles de Jane Austen et des sœurs Brontë, son héroïne n’est pas tout à fait de la même classe sociale. Chez Jane Austen, même quand elles essuient des revers de fortune, les héroïnes font partie d’une classe plutôt élevée, tandis que chez les sœurs Brontë elles ne peuvent que rarement se dispenser de travailler. Margaret, elle, a certes moins d’argent depuis que son père a renoncé à l’église, nettement moins aussi que sa cousine, mais à aucun moment il n’est question qu’elle trouve du travail.
Elizabeth Gaskell se distingue également en ne faisant pas du mariage ou de la romance le centre de son roman. Certes, elle tient une place importante, certes, le roman se termine sur la réponse à la question : Margaret et Thornton vont-ils finir par se fiancer ? , mais dans le déroulé de l’histoire on parle plus des conflits sociaux, de l’industrialisation, de la révolte (celle des ouvriers, celle du révérend Hale contre l’église ou encore celle de Frederik, le frère de Margaret, contre un supérieur tyrannique dans la marine) que de l’amour naissant entre les deux jeunes gens.
Si Thornton est orgueilleux, il en a plus le droit qu’un Mr Darcy ou qu’un Mr Rochester, car lui n’est pas né une cuillère en argent dans la bouche, il a construit sa fortune à la force du poignet et d’un travail acharné. On sait d’ailleurs bien plus que dans les romans d’Austen ou Brontë ce que pense le protagoniste principal masculin car à plusieurs reprises on le suit de manière à savoir ce que lui pense de la situation.
Malgré quelques longueurs dans les premiers chapitres, ce qui n’est pas étonnant étant donné la nécessité de mettre en place l’histoire, et malgré ses 673p, Nord et Sud est un roman qui se lit très vite car il est difficile de le reposer tant on veut savoir comment chaque personnage va se sortir des difficultés auxquelles il est confronté.
Si le prochain roman que je possède de cet auteur me plait autant que celui-là, je pense qu’Elizabeth Gaskell va vite rejoindre le rang de mes auteurs classiques britannique préférés !

 

Un extrait : Margaret, une fois de plus en toilette du matin, rentrait tranquillement chez elle avec son père, qui était venu assister au mariage. Sa mère avait été retenue à la maison par une multitude de faux prétextes que personne n’avait vraiment compris, sauf Mr Hale, qui se rendait parfaitement compte que tous ses arguments en faveur d’une robe de satin gris, à mi-chemin entre le goût du jour et celui de l’ancien temps, s’étaient révélés vains. Faute des moyens nécessaires, il ne pouvait équiper sa femme de pied en cap, aussi ne voulait-elle pas se montrer au mariage de la fille unique de son unique sœur. Si Mrs Shaw avait deviné la vraie raison pour laquelle Mrs Hale avait refusé d’accompagner son mari, elle lui eût offert une profusion de robes ; mais cela faisait vingt ans que la pauvre et ravissante Miss Beresford était devenue Mrs Shaw, et elle avait oublié toutes ses doléances, hormis le désagrément issu de la différence d’âge au sein d’un couple, et sur lequel elle pouvait disserter des heures entières. La chère Maria avait épousé l’élu de son cœur, âgé seulement de huit ans de plus qu’elle, et doté du caractère le plus aimable qui fût et de ces cheveux d’un noir bleuté que l’on rencontre si rarement. Mr Hale était l’un des prédicateurs les plus agréables qu’elle eût jamais entendus, et le parangon des curés de campagne. Peut-être la déduction que tirait Mrs Shaw de ces prémisses lorsqu’elle pensait au sort de sa sœur n’était-elle pas très logique, mais elle était néanmoins caractéristique : « Cette chère Maria a fait un mariage d’amour, que peut-elle souhaiter de mieux dans ce monde ? » A dire vrai, Mrs Hale aurait pu répondre en énumérant une liste toute prête : « Une robe de soie glacée gris argent, un chapeau de paille blanche, oh, des dizaines de choses pour le mariage et des centaines d’autres pour la maison. »

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

 

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