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[Livre] La sœur du roi

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Résumé : Elle est princesse de sang. Recluse à la Cour de Versailles, vouée à rester seule et à se consacrer aux œuvres charitables.
Lui est roturier. Brillant botaniste du jardin du Roy, il est adepte des Lumières.
Tout oppose Madame Elisabeth, la jeune sœur de Louis XVI, et François Dassy. Pourtant, lorsqu’ils se rencontrent par hasard dans la forêt de Fontainebleau, une irrésistible attirance les pousse l’un vers l’autre. Mais la révolution gronde et menace cet amour clandestin… Elisabeth saura-t-elle suivre les idées nouvelles qui bouleversent la France ? Et mettre en danger la royauté ? Dassy est-il un honnête homme ou un imposteur ?


Auteur : Alexandra de Broca

 

Edition : Albin Michel

 

Genre : Historique

 

Date de parution : 01 juin 2017

 

Prix moyen : 22€

 

Mon avis : Alexandra de Broca a le chic pour prendre un pan de l’histoire méconnu et broder autour des connaissances que l’on possède pour nous offrir une histoire plausible.
Ici son roman se fonde sur l’amitié profonde qui semble avoir uni Madame Elisabeth, petite sœur de Louis XVI, et François Dassy (ou Dacy), son médecin personnel.
Dans la mesure où, à l’époque, la moindre amitié entre un membre de la famille royale et une personne de rang inférieur, donnait lieu à des rumeurs de liaisons plus vite qu’il n’en faut pour dire « rumeur », les relations entre Madame Elisabeth et son médecin a probablement du donner lieu à des rumeurs. Pour autant, les amourettes d’une petite princesse avec un roturier, dans la mesure où les tourments de la Révolution n’ont pas tardé à prendre le dessus sur tout le reste, n’ont pas donné lieu à de nombreux écrits, pour ne pas dire aucun.
De Dassy, on ne sait pas grand-chose : Il fut le médecin de Madame Elisabeth, un botaniste. On sait aussi qu’après avoir vu passer la princesse dans la charrette et avoir fait un malaise dans la rue, il dit à son épouse : « J’ai reçu le coup de la mort. Je viens de voir un Ange conduit à l’échafaud ».
A partir des quelques écrits historiques attestant de l’affection de la princesse, Alexandra de Broca nous dépeint une histoire platonique, touchante et tragique.
Bien loin des « histoires d’amour » « dangereuses » et « passionnées » dont on nous abreuve à longueur de temps et où la plus dure des épreuves pour le couple est de devoir attendre une journée entière avant de se sauter dessus, on voit ici l’émergence d’un amour non seulement impossible mais interdit. Elisabeth et Dassy vivent dans un monde où le simple fait de se promener seul en forêt, où le fait de s’effleurer de leurs mains dégantées pourraient leur valoir des sanctions autrement plus grave que tout ce que l’on peut voir dans les romances moderne.
D’ailleurs Alexandra de Broca le fait répéter à ses personnages, comme dans une volonté de conjurer le sort qui pourrait leur pendre au nez : « Le couvent pour Elisabeth, l’exil pour le docteur Lemonnier (complice des deux jeunes gens), les galères pour Dassy »
Toute la vie d’Elisabeth a été sacrifiée par son frère Louis XVI qui trouvait en elle un interlocuteur avisé. Il ne voulait pas qu’elle soit détournée de lui par un mari et des enfants et il a fait peu de cas du bonheur de sa sœur.
Les chapitres alternent entre Elisabeth et Dassy.
Tout ce qui concerne la princesse repose sur des éléments historiques, en revanche l’auteur prévient qu’elle a imaginé la vie de Dassy puisqu’on ne connaît de lui que son existence, sa fonction et une relation avec la princesse dont la nature exacte reste inconnue. Alexandra de Broca a donc imaginé ce qu’aurait pu être cette relation en s’appuyant sur ce que l’on sait de la vie et du caractère d’Elisabeth.
La religion tient une grande place dans la vie de la princesse et l’auteur en a fait l’un des obstacles majeurs entre Elisabeth et Dassy, presque plus important, du moins pour la princesse, que leur différence de classe.
Alexandra de Broca a le don pour donner vie à l’Histoire. Ces romans, qui mélangent faits historiques et extrapolation plausibles, donnent toujours envie d’en savoir plus sur les personnages historiques qu’elle met en avant.

 

Un extrait : Elisabeth voit le jour un matin de 1764 dans la demeure de ses parents. Lorsqu’on est née Bourbon, le château se nomme Versailles, le propriétaire en est Louis XV, et il faut partager son quotidien avec les trois mille occupants du haut lieu de la monarchie française.
L’enfant n’a quasiment pas connu ses parents. Son père, le seul fil de Louis XV, décède de phtisie quelques mois après sa naissance. Sa mère, une princesse de Saxe, s’est passionnément consacrée à son époux, chose rare à la Cour, puis a succombé elle aussi à la même maladie, laissant deux filles et trois garçons survivants. De cette tragédie, Elisabeth ne se souvient de rien, si ce n’est d’avoir été embrassée par une ombre dans une chambre obscure, avant que sa gouvernante ne lui demande de prier pour que Son Altesse rejoigne au plus vite Monseigneur son père au ciel. Quelques heures plus tard, la même dame serre contre ses jupes la petite fille avant de lui expliquer qu’elle doit se réjouir.
- Son Altesse Madame le Dauphine est désormais au royaume des Cieux parmi les anges.
Le savoir transformée en bienheureuse ne change rien à la vie de la fillette de trois ans. Ce baiser furtif dans une atmosphère de tristesse sera son premier souvenir, à moins que sa sœur Clotilde, de six ans son aînée, n’ait voulu l’en persuader en le lui racontant.
Elisabeth grandit choyée par sa sœur, sa gouvernante, et les membres de sa maison. Elle habite au premier étage de l’aile du Midi. De sa fenêtre, lorsqu’elles ne sont pas givrées par le froid ou assombries par la fumée de la cheminée elle aperçoit l’Orangerie. Elle est fascinée par les agrumes au feuillage persistant. L’hiver, elle observe les arbres protégés de paille et réchauffés de brasiers. Que de soins pour offrir aux descendants de Louis XIV ces fruits exotiques ! Comme lui, elle les adore et bat des mains lorsque sa gouvernante lui présente l’orange recouverte de filets de sucre…
Dans cet immense palais, chacun s’extasie sur l’adorable princesse aux joues rebondies et aux cheveux bouclés. Son entourage fait son possible pour qu’elle grandisse avec le sourire, et tout particulièrement la princesse Clotilde, la gouvernante des Enfants de France, Madame de Marsan, et sa subordonnée Madame de Mackau. Cette dernière, nommée sous-gouvernante, aime profondément cette enfant joyeuse et cabotine. Pourtant, Elisabeth est autoritaire et colérique. Elle se déclare trop petite pour apprendre, et réclame qu’on la laisse jouer.

 

Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg

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