Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

[Livre] Le condamné de noël

le condamné de noel.jpg

 

Résumé : Londres, 1868. Alors que la période de Noël commence, Claudine Burroughs ne se sent pas joyeuse à l'idée des bals sans fin, des obligations sociales et des évènements somptueux. Venir en aide aux femmes dans le besoin à la clinique Hester Monk lui a ouvert les yeux sur un autre monde, et le fait que son mari n'approuve pas ce choix la rend malheureuse. Mais les deux univers qu'elle côtoie vont bientôt se rencontrer. Lors d'un gala de Noël, une femme est brutalement battue, et il apparaît rapidement qu'il s'agit d'une prostituée invitée clandestinement par l'un des invités. Le poète Dai Tregarron, accusé d'être l'agresseur, prétend qu'il ne faisait que protéger cette femme contre la violence de trois riches jeunes hommes. Claudine croit en l'histoire de Dai, mais face au rang social qui joue en sa défaveur, comment peut-elle prouver son innocence sans tout risquer ?

 

Auteur : Anne Perry

 

Edition : 10/18

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 05 novembre 2015

 

Prix moyen : 9€

 

Mon avis : Cette nouvelle prend place dans l’univers de la série William Monk. Bien qu’il y ait une enquête, on s’attache plus à la description des mœurs de la bonne société anglaise et de ses dérives.
Claudine s’attire les foudres de son mari en refusant de laisser un homme aux origines modestes payer pour un crime commis par un fils de bonne famille. Si on ne sait pas immédiatement ce qu’il s’est passé, et lequel de ces gosses de riches est coupable, on se doute dès les premières lignes que Dai Tregarron n’est qu’un bouc émissaire.
On voit Claudine de battre contre une certaine solidarité de la bonne société mais aussi contre sa condition de femme car, d’un claquement de doigt, son mari peut lui fermer toutes les portes et lui interdire de continuer à se rendre utile à l’hôpital où elle vient en aide aux prostituées, ce qui, pour un homme qui côtoie l’aristocratie et la haute bourgeoisie sans vraiment en faire partie, n’est pas « convenable ». Il aurait sans doute préféré que sa femme s’occupe d’une œuvre de charité mettant moins en avant les réalités de la vie des pauvres. J’ai trouvé cet homme, très donneur de leçon, totalement hypocrite et j’ai adoré voir sa femme lui mettre le nez sur ses contradictions.
J’ai aussi apprécié que l’auteur n’hésite pas à montrer que si cet homme, bien qu’innocent, n’avait pas eu de son côté une femme de qualité et, grâce à elle, de quelques soutiens dans la bonne société, il aurait été pendu car la police se serait arrêtée à la parole des aristocrates. Elle montre bien à quel point la justice était à deux vitesses (quoi que je ne suis pas sûre que ça ait tellement changé, mais bon).
C’est une des nouvelles que j’ai préférée car elle ne prétend pas mettre en place une enquête policière en si peu de page. Ici, il s’agit plus de trouver un moyen de prouver l’innocence d’un homme accusé à tort alors que l’on sait déjà qui est le vrai coupable.

Un extrait : Wallace était planté au milieu du vestibule, son manteau sur le dos. Son mari était un homme imposant, plus gros que ne le laissaient deviner ses costumes onéreux coupés sur mesure. L’impatience qui crispait ses traits dépourvus de charme lui fit comprendre qu’elle l’avait fait attendre.

Sans lui adresser le moindre compliment sur sa tenue, il l’aida à passer sa cape, puis fit un signe au valet de pied avant de franchir la porte derrière elle. Leur voiture était déjà avancée, prête à les emmener. Le cocher devait connaître l’adresse où ils se rendaient, car Wallace ne lui donna aucune indication.

Pendant le trajet, ils n’échangèrent pas un seul mot. Il y avait longtemps qu’ils avaient épuisé les sujets de conversation et ne se parlaient plus de leur vie ni de leurs sentiments. Elle imaginait que son mari n’avait pas davantage envie qu’elle de faire semblant. Ils devraient bien assez donner le change au cours de cette soirée. Les autres invités appartenaient tous à la haute société – c’était d’ailleurs pour cette raison précise qu’ils y allaient. Wallace était le conseiller financier très apprécié de plusieurs personnes d’une importance considérable, et Claudine admettait volontiers qu’il le méritait. Outre qu’il était doué, il travaillait d’arrache-pied en vue de cultiver les bonnes relations et ne se dérobait jamais à ce qu’il considérait relever de son devoir. Ce dont il était incapable, c’était de rire et de s’amuser, de faire preuve de gentillesse ou d’imagination. Sans doute était-ce au-delà de ses capacités en même temps qu’inscrit dans sa nature. À de rares moments, Claudine espérait que son mari était plus heureux que lui n’avait su la rendre heureuse.

Et cependant, ne pas reconnaître qu’elle n’avait jamais manqué de rien eût été injuste. Elle n’avait jamais redouté la lettre ou la visite d’un huissier réclamant une somme qu’elle n’aurait pu payer. Et, autant qu’elle le sache, Wallace ne lui avait jamais menti, de même qu’il n’avait jamais trop bu, ne l’avait jamais mise dans l’embarras en public et ne lui avait probablement jamais été infidèle – ce qu’elle aurait pu comprendre, voire lui pardonner. C’eût été la preuve d’un tempérament passionné qu’il n’avait, hélas, jamais possédé. Loin de susciter son admiration, l’ordre et la rigueur de son mari la mettaient en rage. Il pliait tout, jusqu’aux vieux journaux qu’il repliait avec un soin maniaque, et rangeait systématiquement chaque chose à sa place.

Mais c’était là des reproches aussi vains que dénués d’intérêt. Si son mari avait compris ce qu’étaient la passion et la solitude, le désir désespéré d’affection, elle aurait pu l’aimer. Et ce n’était pas faute d’avoir essayé.

 

bonne lecture 3 étoiles.jpg

Écrire un commentaire

Optionnel