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Résumé : Deux fillettes surprennent la relation que leur gouvernante entretient avec leur cousin, et c'est pour Zweig l'occasion de raconter l'éveil à la sexualité dans une société du mensonge et de la dissimulation, une société qui fabrique en masse du secret. Cette nouvelle de 1907, proche de «Brûlant secret», est suivie de l'un des meilleurs chapitres du «Monde d'hier», « Eros matutinus », dans lequel Zweig revient avec une rare franchise sur ce que fut cette puberté pour lui et les jeunes garçons de sa génération.
Auteur : Stefan Zweig
Edition : Payot et Rivages
Genre : Classique
Date de parution : 16 mars 2016
Prix moyen : 6€
Mon avis : Dans ce livre très court comportant une nouvelle de 47 pages et un chapitre de son ouvrage « le monde d’hier » d’environ 45 pages, on peu voir toute la vie de Stefan Zweig.
La gouvernante, en effet, a été écrite en 1907, alors qu’il avait à peine 26 ans, alors qu’Eros Matutinus est tiré d’un espèce de mémoire qu’il a commencé à écrire en 1934 et qu’il a envoyé à son éditeur 1 jour avant son suicide.
Malgré le grand nombre d’années qui séparent ces deux textes, je n’ai pas trouvé de grande évolution, ni dans l’écriture ni dans les pensées.
Zweig dénonce, peut être de manière plus abrupte dans Eros matutinus que dans la gouvernante, l’ignorance des jeunes en matière de sexualité.
Que ce soit les deux fillettes qui découvrent que leur gouvernante a une relation avec leur cousin, se méprennent sur certaines confidences entendues à travers une porte, puis assistent à des scènes que personne ne leur explique et qui les conduisent à considérer les adultes comme autant d’ennemis chargés de leur mentir sur toute chose, ou les adolescents, presque des adultes, privés d’éducation sexuelle, quelque soit leur sexe d’ailleurs. Alors que le garçon, s’il a un père « attentif » ou des amis plus âgés et plus au fait de ces choses là, aura tôt fait de s’instruire dans les maisons de tolérance, la jeune fille reste ignorante jusqu’à ce qu’elle apprenne brutalement la chose dans son lit de noce. Imaginez le traumatisme que cela doit être pour elle !
Zweig déplore ce maintien dans l’ignorance au nom d’une soi disant bienséance et pense, à juste titre d’ailleurs, que cette absence d’éducation ne peut qu’apporter des dérives. Il pense surtout aux jeunes garçons, qui inconscient des danger des prostituées de rues, n’ayant pas forcément leurs entrées dans des maisons de tolérance plus sûre mais beaucoup plus chère, n’osant pas s’ouvrir de leurs tourments et interrogations à leurs pères, se mettent en position de contracter ce que l’on appelait les « maladies honteuses » pour lesquelles, à l’époque, on ne connaissait guère de traitement.
Il n’a pas tort quand il laisse entendre qu’une éducation sur ce sujet, même succincte, épargnerait beaucoup de doutes, d’erreurs et de souffrance à la jeunesse en passe d’entrer dans l’âge adulte.
Un extrait : Pendant ces huit années d’école secondaire, chacun de nous fut confronté à un fait très intime : d’enfants de dix ans, nous devînmes peu à peu des jeunes gens nubiles de seize à dix-huit ans, et la nature commença à réclamer ses droits. Cet éveil de la puberté semble aujourd’hui un problème strictement privé, avec lequel chaque adolescent doit se débattre à sa manière et ne se prête, à première vue, nullement à un débat public. Mais pour notre génération, cette crise dépassa les limites de la sphère personnelle. En même temps, elle donna lieu à l’éveil d’une autre conscience car, pour la première fois, elle nous apprit à observer d’un regard plus critique le monde social où nous avions grandi et ses conventions. Les enfants, et même les jeunes gens, sont en général bien disposés à se conformer aux lois de leur milieu. Mais ils ne se soumettent aux conventions qu’on leur impose que tant qu’ils voient les autres les observer avec la même honnêteté. Un seul mensonge de leurs professeurs ou de leurs parents les pousse inévitablement à considérer tout leur entourage d’un œil méfiant et, partant, plus aigu. Et nous ne mîmes pas longtemps à découvrir que toutes ces autorités auxquelles nous nous étions fiés jusqu’alors – l’école, la famille et la morale publique – traitaient la sexualité d’une manière étrangement peu sincère, voire exigeaient aussi de nous sur ce pont le secret et la dissimulation.