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[Livre] Derrière la haine

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Résumé : D'un côté, il y a Tiphaine et Sylvain ; de l'autre, il y a Laetitia et David. Deux couples voisins et amis, ayant chacun un enfant du même âge. Deux couples fusionnels et solidaires qui vivent côté à côte dans une harmonie parfaite. Jusqu'au jour du drame. Un tragique accident fait voler en éclats leur entente idyllique, et la cloison qui sépare leurs maisons tout comme la haie qui sépare leurs jardins ne seront pas de trop pour les protéger les uns des autres. Désormais, les seuls convives invités à la table des anciens amis s'appellent Culpabilité, Suspicion, Paranoïa et Haine...

 

Auteur : Barbara Abel

 

Edition : Fleuve noir

 

Genre : Thriller

 

Date de parution : 12 avril 2012

 

Prix moyen : 18€

 

Mon avis : Ce livre a été un tel coup de cœur que j’ai été incapable de lire quoi que ce soit d’autre pendant 24h !
J’ai découvert Barbara Abel avec « je sais pas ». Dans ce roman, tous les personnages étaient plus ou moins antipathiques et on était plongé dans une atmosphère qui, dès les premiers chapitres, était glauque, malsaine…
Ici, pas du tout. Que ce soit David et Laetitia ou Sylvain et Tiphaine, les deux couples sont plutôt sympathiques, même s’ils ne sont pas parfaits.
Contrairement à beaucoup de thriller, il n’y a quasiment pas de violence dans « derrière la haine ». Les indices disséminés peuvent nous amener à une conclusion mais personnellement, je n’étais sûre de rien. Difficile de savoir si les indices nous induisent en erreur ou pas.
Pendant la quasi-totalité du livre j’ai été incapable de dire si les craintes d’un des personnages étaient fondées ou si il était en train de devenir fou, comme semble le penser l’entourage.
Chaque action de la mère qui a perdu son enfant semble parfaitement logique dans le travail de deuil, même si elle se montre parfois injuste. On ne peut que se dire qu’elle rejette son propre sentiment de culpabilité sur quelqu’un d’autre.
Cependant, même si les plus perspicaces verront sans doute venir là où nous emmène l’auteur, au final, comme dans « je sais pas », ce n’est pas tant le final qui importe que la manière d’y arriver.
Quand on lit le quatrième de couverture, on se dit que la rupture entre les voisins va être franche, nette, sans aucune ambiguïté. Et bien non ! On se retrouve sur une pente savamment savonnée, sur laquelle on glisse petit à petit, puis de plus en plus vite jusqu’à la conclusion.
Barbara Abel sait nous tenir en haleine, et, même quand on finit par avoir un gros doute sur la fin (surtout si on a eu le malheur de lire le quatrième de couverture du second tome), on ne peut tout simplement pas lâcher le livre avant d’en avoir lu la dernière page !
Et, en ce qui me concerne, il m’a également fallut toute ma volonté pour ne pas me jeter dans la foulée sur « Après la fin », le second tome qui va conclure cette histoire, car il faut bien avouer que la fin de « derrière la haine » nous laisse la bouche ouverte en train de nous dire : « non, elle n’a pas osé finir comme ça ! »
Et bien si ! Elle ose tout !

Un extrait : — Santé !

Trois bras levés au bout desquels deux coupes de champagne et un verre d’eau s’entrechoquaient à l’unisson. Éclats de rire, regards entendus, hochements de têtes et sourires complices. Puis David et Sylvain sirotèrent à petites gorgées, et le champagne pétilla au fond des gosiers. Laetitia, quant à elle, reposa sa boisson sans autre forme de procès, puis caressa un ventre aux rondeurs éloquentes.

— Tu n’as pas bu une seule goutte d’alcool depuis le début de ta grossesse ? s’enquit Sylvain.

— Pas une goutte ! répondit Laetitia avec fierté.

— Ma femme est une sainte, se moqua gentiment David. Tu n’imagines pas tout ce qu’elle s’inflige pour donner à notre fils le meilleur départ dans la vie : pas d’alcool, pas de sel, pas de graisse, très peu de sucre, légumes cuits à la vapeur, fruits à volonté, pas de viande rouge, beaucoup de poissons, yoga, natation, musique classique, dormir tôt…

Il soupira. Avant d’ajouter :

— Depuis six mois, notre vie est d’un ennui !

— Je ne suis pas une sainte, je suis enceinte, c’est différent, rétorqua Laetitia en châtiant son mari d’une claque sur la cuisse pour ses propos narquois.

— Sans compter qu’elle me bassine avec ses principes d’éducation… Pauvre gosse ! Je peux te dire qu’il ne va pas rigoler tous les jours !

— Vous parlez déjà de la manière dont vous allez l’élever ? s’étonna Sylvain.

— Et comment ! affirma Laetitia avec le plus grand sérieux. Ce n’est pas quand on sera face aux problèmes qu’il faudra commencer à réfléchir à la manière de les régler.

— Et… vous parlez de quoi ?

— De tout un tas de choses : faire équipe, ne jamais se contredire devant l’enfant, pas de bonbons avant 3 ans, pas de Coca avant 6 ans, pas de Nintendo avant 10 ans…

Sylvain émit un sifflement impressionné.

— Je pense qu’on va vite lui faire comprendre que, si la vie est trop dure chez vous, il pourra toujours venir chez nous !

David consulta sa montre.

— On aurait peut-être dû attendre ta douce moitié avant de trinquer, dit-il à Sylvain. Elle va nous en vouloir.

— Absolument pas. D’abord parce qu’elle déteste le champagne, ensuite parce qu’elle n’avait pas envie de stresser et de nous faire attendre. Elle… elle est un peu fatiguée, ces jours-ci.

— Au fait… Pourquoi du champagne ? demanda Laetitia. Une petite bouteille de vin aurait bien fait l’affaire.

La question prit Sylvain de court. Visiblement à la recherche d’une raison plausible, il bredouilla deux « ben… », un « parce que… » et un « tu comprends… ».

— Non, je ne comprends pas, répliqua aussitôt Laetitia qui s’amusait beaucoup de l’embarras de son ami.

Embarras qui lui mit la puce à l’oreille : une bouteille de champagne n’a pas besoin de raison pour être offerte, encore moins pour être bue… Ou plutôt si ! On apporte une bouteille de champagne quand on a une bonne nouvelle à annoncer !

Laetitia observa Sylvain d’un œil suspicieux, sentit l’anguille sous la roche, s’apprêta à ferrer le poisson. Puis, soudain, elle comprit.

— Elle est enceinte ! hurla-t-elle en se redressant dans son fauteuil.

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