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[Livre] La petite fille qui criait au secours

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Résumé : « C’est ma mère, je crois qu’elle est morte. Il y a du sang partout. »
C’est ce que Sophia ne cesse de répéter en téléphonant à la police. La jeune fille n’a que dix ans. Sa mère vient d’essayer de se suicider et elle ne sortira jamais du coma. 
Sophia passe alors de famille d’accueil en famille d’accueil et sa vie devient un enfer. Ses sautes d’humeur, ses colères et son comportement agressif laissent deviner de lourdes souffrances remontant à sa petite enfance. A une époque où les amis de sa mère n’hésitaient pas à abuser d’une fillette innocente. 
Au fur et à mesure, l’histoire de Sophia se dévoile. Terrible, pleine de douleurs, au-delà de l’imaginable.
Le témoignage émouvant d’une petite fille abandonnée et trahie par les adultes…
 

 

Auteur : Casey Watson

 

Edition : City éditions français

 

Genre : Témoignage

 

Date de parution : 2013

 

Prix moyen : 14€

 

Mon avis : C’est très dur d’avoir de la compassion pour Sophia. Une gamine de douze ans qui s’habille comme une ado de seize, qui traite les gens comme ses serviteurs personnels, qui devient facilement physiquement violente, qui simule des crises puisqu’elle sait qu’on ne peut pas prendre le risque de l’ignorer… Bref un cauchemar ambulant à la sexualité précoce et dérangeante.
Alors je suis d’accord que ce n’est pas entièrement sa faute, car elle semble atteinte d’un trouble psychologique, ce qui n’est guère étonnant quand on connaît son histoire familiale. Certes, Sophia ne semble pas avoir réellement été battue, mais elle a été victime d’un dénigrement systématique de son existence. On lui a bien fait comprendre que tout irait mieux si elle n’existait pas, que tous les problèmes arrivaient parce qu’elle était un jour venue au monde.
Dans ce livre, on n’a guère de connaissance de la personnalité de la mère de Sophia puisque celle-ci est déjà dans le coma quand Casey entre dans la vie de la fillette. Mais au vue de ce que l’on apprend au fil du livre sur le reste de la famille, je pense que la jeune femme devait être tout aussi perdue, déboussolée et perturbée que sa fille.
Pour moi, les grands-parents, et surtout la grand-mère, devraient être poursuivis en justice pour torture mentale ou quelque chose de ce genre. Cette femme est affreuse. On peut le voir alors même qu’on ne la « voit » que quelques minutes.
Le gros problème, qui semble récurant car Cathy Glass en parle également dans ses propres livres, c’est l’absence d’indications qui sont données aux familles d’accueil. Surtout dans ces cas-là, où ils accueillent des enfants et adolescents gravement perturbés, parfois encore en danger, il serait normal que les services sociaux et les différents acteurs qui s’occupent de l’enfant (assistante sociale, éducateurs, personnel médical ou administratif) donnent à la famille le plus d’indications possible, le plus d’éléments pour pouvoir s’occuper correctement de l’enfant, mais non, au contraire, il semblerait presque qu’on les laisse volontairement dans le noir, comme si on avait peur qu’ils refusent l’ampleur de la tâche s’ils en avaient pleinement connaissance.
Je reste ahurie que ces gens-là ne semblent pas avoir de comptes à rendre.
L’évolution de la vie avec Sophia est difficile et Casey envisage presque d’abandonner. Elle ne se présente pas comme une super héroïne qui sait tout gérer. Elle est moins expérimentée que Cathy Glass et donc peut être moins armée émotionnellement, du moins au moment de l’écriture de l’histoire de Sophia qui était, il me semble, seulement le second accueil qu’elle et sa famille effectuaient.
Plusieurs fois, elle remet en cause son choix car il s’agit de son propre métier mais cela impacte toute la famille et ce n’est jamais facile.
Je suis admirative du dévouement qu’elle et les siens donnent à ces enfants, malgré les moments de découragement et de doute.
Je suis impatiente de lire ses autres livres !

Un extrait : Au moment où j’atteignais la fenêtre, je vis que les trois voitures étaient déjà garées devant la maison.

Toutefois, il semblait qu’elles contenaient moins d’occupants : John Fulshaw sortit de la sienne, Linda Samson, de la deuxième, et Sam Davis, de la troisième. Sophia se tenait déjà devant le portail ouvert, tel un véritable général dirigeant les opérations.

Ou plutôt la reine qui considérait chacun de ses courtisans avançant en procession, car la fillette était vêtue comme une star avec un manteau en fourrure, le bibi assorti et le visage maquillé à l’extrême.

Devant le tableau qu’ils composaient, j’en restai bouche bée. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux de la quantité de bagages qui ne cessait de sortir des coffres des voitures. Sidérée, je comptai quatre énormes valises, au moins six boîtes en carton et ce qui ressemblait à une pile de tableaux.

Où allions-nous mettre toutes ces affaires ? D’ailleurs, me demandai-je avec plus de pertinence, pourquoi avait-elle apporté autant de choses alors qu’il ne s’agissait que d’un séjour provisoire ?

Tout aussi incroyable était le fait que – comme je pouvais l’entendre trop bien malgré les fenêtres fermées – cette fillette de douze ans aboyait ses ordres aux adultes qui, chose encore plus inouïe, écoutaient et obtempéraient.

— Fais donc gaffe aux tableaux ! l’entendis-je hurler à John qui passait devant elle. Si tu les déchires, tu me les rembourseras !

Elle claqua ensuite des deux mains – toute la scène commençait à ressembler à un vaudeville – en ajoutant :

— Hop ! hop ! On ne va pas y passer toute la journée !

Elle tourna alors la tête pour me découvrir, toujours bouche bée, à la fenêtre. Avec un sourire, elle agita la main et (je crus un instant que mes yeux se trompaient) claqua des doigts en me faisant signe de m’approcher de la porte d’entrée.

Par pur réflexe, et comme ses autres courtisans, je m’empressai d’obéir si vite que je faillis tomber sur la table basse dans ma précipitation.

— Bonjour, ma puce, dis-je en émergeant à la porte juste alors qu’elle trottinait dans l’allée. Mon Dieu, tu as beaucoup de bagages, non ? Puis-je t’aider ? As-tu besoin d’un coup de main pour quoi que ce soit ?

— Salut, répondit-elle en me dépassant pour continuer droit devant. Merci, mais tu n’as qu’à leur dire te monter tout dans ma chambre. Je ne porte rien, moi, ajouta-t-elle d’un ton adorable.

Tu n’as qu’à ?

Je retrouvai un peu de mes esprits.

— Je crois que non, commençai-je en m’adressant aussi bien à Sophia qu’au reste de la troupe.

Les adultes s’étaient rassemblés dans le hall, disparaissant pratiquement sous les affaires de l’enfant.

— Nous allons laisser tout cela dans l’entrée pour le moment, je pense. Nous monterons (et je pensais vraiment nous) tes affaires plus tard.

Rien de terrible ne se produisit : ni explosion ni drame. Sa Majesté se contenta de hausser les épaules et de continuer son chemin vers le living en me laissant, la bouche encore grande ouverte, derrière elle, dans son sillage, tandis qu’elle grommelait dans sa barbe quelque chose au sujet des « idiots » et des « incompétents ».

Honnêtement, cela défiait toute imagination.

 

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