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  • Premières lignes #109

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.

    Cette semaine, je vous présente La vie est belle et drôle à la fois de Clarisse Sabard

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    19 décembre 2017

    Je hume à pleins poumons l’odeur de feu de bois qui prédomine dans l’air, puis souris.

    Ma grand-mère, enveloppée dans un élégant manteau de laine, dévale les escaliers comme si elle avait vingt ans de moins que son âge réel. Elle a teint ses cheveux comme Mylène Farmer et a appliqué de façon méticuleuse mascara et rouge à lèvres.

    — Ce que je suis heureuse de vous voir, les enfants !

    Violette, la fille de mon frère, s’avance timidement vers elle et se retrouve engloutie entre ses bras volumineux.

    — Eh bien, constate-t-elle en m’enlaçant à mon tour, je suis sûre que tu te nourris mal. Tu as maigri depuis la dernière fois.

    Je vais éviter de lui dire que j’ai trop souvent tendance à sauter le repas du midi à cause de mon travail très prenant, car elle serait capable de venir s’installer chez moi.

    — Et tu ressembles à un vieux phoque fatigué,
    termine-t-elle. Tu ne dors pas assez.

    À l’évidence, ma grand-mère était absente le jour de la distribution de la diplomatie, mais nous avons tous fini par nous y habituer. Ce n’est jamais méchant, c’est juste sa façon d’être.

    Mon frère, Tom, m’envoie un clin d’œil, auquel je réponds par une grimace. Mamie sort une clé de sa poche.

    — Votre mère m’a chargée de vous la remettre.

    — Elle n’est pas là ? s’étonne Tom.

    — Pour le moment, non. Vous feriez bien de vous mettre au chaud. J’ai déposé sur la table de la cuisine des tartelettes aux fruits secs et aux raisins.

    Notre goûter de Noël préféré lorsque nous étions petits ! J’en salive à l’avance ! Nous nous fixons rendez-
    vous pour dîner, chez elle. Ça a du bon, que les demeures soient voisines. Malgré le divorce de mes parents, ma mère et ma grand-mère sont restées en très bons termes, désireuses de maintenir les liens. Tant mieux, je ne me serais pas vue grandir ailleurs que dans cette jolie maison, sur laquelle le lierre grimpe le long de la façade en pierres, soulignant ainsi le bleu éclatant des volets.

    Mon frère introduit la clé dans la serrure. Le parfum de ma mère (Le Premier Parfum, de Lolita Lempicka) me chatouille aussitôt les narines. Elle l’aime tellement qu’elle en vaporise partout. Tom allume la lumière dans l’étroit vestibule.

    — Il fait un froid de canard, ici ! fait-il remarquer. Maman aurait quand même pu laisser un peu de chauffage.

    — Comme c’est trop abusé ! râle Violette en frottant ses mains l’une contre l’autre. Ça va être sympa si on attrape la grippe…

    Cette attitude ressemble peu à ma mère. Sachant que nous arrivions cet après-midi, c’est étonnant qu’elle n’ait pas laissé tourner les radiateurs… Tom se dirige vers la salle à manger et s’affaire à préparer un feu dans la cheminée. Ma nièce et moi laissons les bagages dans l’entrée et nous précipitons vers la cuisine, alléchées par la perspective des tartelettes qui nous y attendent.

    Tom ne tarde pas à nous rejoindre et propose de nous réchauffer avec un chocolat chaud. Évidemment, Violette et moi ne nous faisons pas prier ! Nous nous asseyons autour de la table en hêtre, l’assiette de tartelettes nous tendant les bras. Je me revois, petite, aider Mamie à mélanger sucre, miel et crème épaisse, puis à faire caraméliser le mélange. Cette succulente odeur embaumait alors toute la maison !

     

    Tom dépose devant nous les boissons chaudes et je me réchauffe les mains contre la tasse à tête de renne, lorgnant le motif d’un œil mauvais. On ne sait jamais, des fois que j’aurais oublié que Noël approche.

    Je croque avec gourmandise dans ma tartelette et m’exclame aussitôt, au bord de l’extase :

    — Mon Dieu, que c’est bon !

    Tom envoie un léger coup de coude à sa fille.

    — Tu vas voir que, dans cinq minutes, elle va à nouveau aimer Noël, chambre-t-il.

     

    Alors, tentés?