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  • Premières lignes #47

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Dans l’ombre de la clairière de Robert Dugoni dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

    Dans l'ombre de la clairière.jpg

    Buzz Almond informa le répartiteur qu’il démarrait, enfonça l’accélérateur et sourit au rugissement du moteur V8 de 245 chevaux, tandis que la force gravitationnelle le collait au dossier de son siège. Au boulot, la rumeur courait que les politiques allaient progressivement se débarrasser des dinosaures gloutons en carburant et réduire le parc automobile à des véhicules plus économes. Ce serait peut-être vrai, mais en attendant, Buzz disposait d’une berline Chevrolet Caprice, et il avait bien l’intention de s’y cramponner jusqu’à ce qu’on lui arrache le volant des mains.
    La poussée d’adrénaline le fit se redresser, les synapses de son cerveau expédiant à tout va des impulsions électriques. Totalement opérationnel. Dans les Marines, ils appelaient ça « Prêt au combat ». Ce n’était pas parce qu’il était devenu aujourd’hui shérif adjoint du Klickitat County qu’il allait changer.
    Un petit « oorah », s’il vous plaît ?1
    Buzz ralentit, abaissa sa vitre et ajusta le projecteur, à la recherche de la rue transversale. La plupart des rues dans le coin étaient indiquées, mais pas toutes. Certaines d’entre elles n’étaient rien de plus que des chemins étroits non pavés. En l’absence d’éclairage public, et sous la couverture nuageuse épaisse qui enveloppait les environs, il faisait noir comme dans un four. On pouvait dépasser une route sans jamais s’en apercevoir.
    La lueur du projecteur tomba sur un ensemble de boîtes aux lettres déglinguées posées sur des piquets de bois. Buzz orienta le faisceau vers le sommet d’un poteau métallique, jusqu’à distinguer un panneau indicateur vert réfléchissant : « Clear Creek Road ». C’était là. Il tourna. La voiture tangua et rebondit dans les ornières et les nids-de-poule. Au printemps et à l’été, les riverains entretenaient parfois certaines voies. Mais pas celle-ci.
    Il poursuivit sur environ quatre cents mètres au milieu d’une épaisse végétation de chênes, pins et trembles. Après un virage à gauche, une lumière scintilla à travers les branches des arbres. Buzz se dirigea vers celle-ci, sur un chemin de gravier qui menait à un grand mobile home. Il ne s’était pas encore arrêté qu’un homme poussait la porte d’entrée et descendait trois marches de bois avant de traverser un terrain jonché de bois de chauffage jeté en vrac et de vieille ferraille, avec une corde à linge vide.
    Buzz vérifia le nom qu’il avait noté sur son calepin de poche, puis descendit de voiture. L’air, qui embaumait le sapin, était lourd d’une neige imminente. La première de la saison. Ses filles en seraient tout excitées.
    La chute rapide des températures après une semaine de pluies éprouvantes commençait à faire geler la terre, qui crissait sous ses bottes.
    — Vous êtes Mr Kanasket ? demanda Buzz.
    — Earl, répondit l’homme en tendant une main calleuse et sèche.
    À voir la peau sombre et les cheveux noirs tirés en queue-de-cheval d’Earl Kanasket, Buzz supposa qu’il appartenait à la tribu des Klickitat. La plupart d’entre eux étaient partis au nord-est des dizaines d’années auparavant, dans la réserve Yakama, mais pas tous. Earl portait une veste de grosse toile, un jean et des bottes aux épaisses semelles. Son visage à l’aspect tanné de celui qui travaille à l’extérieur était constellé de grains de beauté foncés. Buzz lui donna une petite quarantaine d’années.
    — Vous avez appelé à propos de votre fille ? interrogea-t-il.
    — Kimi rentre de son travail à pied. Elle téléphone depuis le diner avant de partir. Elle n’est jamais en retard.

     

    Alors, tentés?