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  • [Livre] La tresse

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    Résumé : Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
    Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.
    Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.
    Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
    Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.


    Auteur : Laetitia Colombani

     

    Edition : Grasset

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 10 Mai 2017

     

    Prix moyen : 18€

     

    Mon avis : 3 femmes, 3 destins. A première vue, Giulia, Sarah et Smitta n’ont rien en commun. Giulia est fille d’artisan en Italie au sein d’une famille ancrée dans ses traditions, Sarah est une working-girl au Canada et ne vit que pour son travail, n’accordant que peu de temps à ses enfants, et Smita est une intouchable en inde et veut absolument sauver sa fille de la vie de misère et d’humiliations qu’elle-même a toujours connu. Pourtant, ces trois femmes, si différentes les unes des autres, aux destins si distincts, ont en commun une soif d’indépendance de liberté et de dignité qui les met un peu en porte-à-faux avec leur entourage.
    Mais même là, il y a de grandes différences. Si Smita se fait surprendre à tenter de changer de vie, elle pourrait être tuée, tant le statut des intouchables, statut pourtant interdit, est misérable. Les « notables » du villages ne voudront pas prendre le risque de perdre de la main d’œuvre gratuite faisant le sale boulot et encore plus, refuseront de prendre le risque qu’un intouchable puisse dénoncer leurs actes (comme le viol appliqué comme sanction par des tribunaux tribaux totalement illégaux).
    Giulia risque de perdre sa famille dans sa quête pour laisser de côtés des traditions qui les empêchent d’avancer et de sortir la tête de l’eau.
    Enfin Sarah elle, risque de perdre son boulot en se consacrant à la lutte contre sa maladie, mais là elle a des recours. Sarah risque quand même beaucoup moins que Giulia qui elle-même a beaucoup moins à perdre que Smita.
    En plus de cette soif de liberté, un point particulier va être un trait d’union entre ces trois femmes, une tresse, pour reprendre le titre du livre, mais on ne le découvre qu’à la fin du livre puisqu’il va servir de conclusion à chacune des histoires. J’avoue que je ne m’attendais pas à cette fin, et pourtant, franchement, c’est d’une logique ! Mais j’étais tellement prise dans l’histoire que je n’ai pas fait le rapprochement entre les différents éléments !
    Bien entendu ces histoires n’ont pas de fins tranchées. On ne sait pas si sur la durée l’idée de Giulia est viable, on ne sait pas si Smita et sa fille vont vraiment avoir une nouvelle vie, on ne sait pas si Sarah va vaincre la maladie, mais on les quitte pleines d’espoirs, de projets et de rêves qui ont plus de chances de se réaliser qu’au début du roman.
    Je n’ai pas eu de coup de cœur, mais ce n’était pas très loin, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Il se lit très vite. D’une part, il ne fait que 222 pages et les chapitres, tous assez courts, s’enchaînent assez vite, chacun nous donnant envie de sauter 3 chapitres plus loin pour avoir la suite de l’histoire de celle qu’on vient de suivre. Et du coup, une chose en entraînant une autre, on ne le lâche pas du début à la fin.

     

    Un extrait : L’alarme sonne et le compte à rebours commence. Sarah est en lutte contre le temps, de l’instant où elle se lève à celui où elle se couche. A la seconde où elle ouvre les yeux, son cerveau s’allume comme le processeur d’un ordinateur.

    Chaque matin, elle se réveille à cinq heures. Pas le temps de dormir plus, chaque seconde est comptée. Sa journée est chronométrée, millimétrée comme ces feuilles de papier qu’elle achète à la rentrée pour les cours de maths des enfants. Il est loin le temps de l’insouciance, celui d’avant le cabinet, la maternité, les responsabilités. Il suffisait alors d’un coup de fil pour changer le cours d’une journée : et si ce soir on faisait… ? et si on partait… ? et si on allait… ? Aujourd’hui tout est planifié, organisé, anticipé. Plus d’improvisation, le rôle est appris, joué, répété chaque jour, chaque semaine, chaque mois, toute l’année. Mère de famille, cadre supérieur, working-girl, it-girl, wonder-woman, autant d’étiquettes que les magazines féminins collent sur le dos des femmes qui lui ressemble comme autant de sacs pesant sur leurs épaules.

    Sarah se lève, se douche, s’habille. Ses gestes sont précis, efficaces, orchestrés comme une symphonie militaire. Elle descend à la cuisine, dresse la table du petit déjeuner, toujours dans le même ordre : lait/bol/jus d’orange/chocolat/pancake pour Hannah et Simon/ céréales pour Ethan/ double café pour elle. Elle va ensuite réveiller les enfants, Hannah d’abord, puis les jumeaux. Leurs vêtements ont été préparés la veille par Ron, ils n’ont qu’à se débarbouiller et les enfiler pendant qu’Hannah remplit les lunchboxes, c’est une affaire qui roule, aussi vite que la berline de Sarah dans les rues de la ville, pour les déposer à l’école, Simon et Ethan en primaire, Hannah au collège.
    Après les bises, les tu n’as rien oublié les couvre toi mieux, les bon courage pour ton examen de maths, les arrêtez de chahuter derrière, les non, tu vas à la gym, et enfin le traditionnel le weekend prochain vous êtes chez vos pères, Sarah prend la direction du cabinet.

    A huit heures vingt précisément, elle gare sa voiture dans le parking, devant le panneau portant son nom : « Sarah Cohen, Johnson & Lockwood ». Cette plaque, qu’elle contemple tous les matins avec fierté, désigne plus que l’emplacement de sa voiture ; elle est un titre, un grade, sa place dans le monde. Un accomplissement, le travail d’une vie. Sa réussite, son territoire.

     

    Beaucoup aimé 4 étoiles.jpg