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  • Premières lignes #2

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Réponds si tu m'entends de Marian Keyes.

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    "L'adresse de l'expéditeur ne figurait pas sur l'enveloppe. Bizarre. J'ai ressenti un léger malaise. Qui s'est accentué lorsque j'ai remarqué mes nom et adresse...
    Une femme sensée n 'aurait pas parcouru ce courrier. Une femme sensée l'aurait jeté à la poubelle sans autre forme de procès. Mais, à part un bref laps de temps entre vingt-neuf et trente ans, quand m'étais-je déjà montrée raisonnable ?
    Alors voilà, j'ai décacheté l'enveloppe.
    C'était une carte, une aquarelle représentant des fleurs défraîchies dans un vase. Assez fine pour que je distingue au toucher quelque chose à l'intérieur. De l'argent ? Un chèque ? Je faisais dans le sarcasme — même si personne n 'était là pour m'entendre et si, de toute façon, je prononçais ces mots en mon for intérieur.
    Oui, il y avait bien quelque chose à l'intérieur : une photo... Pourquoi m'envoyait-on cette photo ? J'en avais déjà tout un tas. Puis je me suis aperçue que je me trompais. Ce n'était pas lui. Et là, soudain, j'ai tout compris.

    ***

    Maman a ouvert la porte du salon toute grande en lançant : « Bonjour, Anna, c'est l'heure de tes cachets. »
    Elle essayait d'avancer d'un pas décidé, comme les infirmières qu'elle avait vues dans les séries télé, mais la pièce était tellement encombrée de meubles qu'elle avait du mal à se frayer un chemin vers moi.
    Deux mois que j'étais arrivée en Irlande. J'étais incapable de monter l'escalier, avec ma rotule luxée, alors mes parents m'avaient installé un lit au rez-de-chaussée, dans le Beau Salon.
    Ne vous y méprenez pas, c'était un immense honneur : en temps normal, nous n'avions le droit d'entrer dans cette pièce que lors des fêtes de Noël. Le reste de l'année, toutes les activités familiales - séances télé, grignotage de chocolat, chamailleries - avaient lieu dans le garage où nous étions à l'étroit, reconverti et pompeusement baptisé « Salle Télé ».
    Mais lorsqu'on a mis mon lit dans le Beau Salon, il n'y avait plus d'endroit où entreposer le mobilier -canapés à gros coussins et autres fauteuils à pompons de passementerie. Désormais, la pièce ressemblait à un magasin de meubles bon marché où des centaines de canapés s'entassent les uns contre les autres, de sorte qu' il fallait presque les escalader comme des rochers en bord de mer.

    « Bon, à nous. » Maman a sorti mon ordonnance, sur laquelle figuraient les heures exactes auxquelles je devais prendre mes médicaments - antibiotiques, anti-inflammatoires, antidépresseurs, somnifères, vitamines, antalgiques qui procuraient une très agréable sensation de flottement, et un membre de la famille Valium qu'elle avait remisé dans un coin secret.
    Boîtes et flacons s'empilaient sur une petite table basse en bois finement ciselé - plusieurs chiens en porcelaine d'une laideur infâme leur avaient cédé la place et se retrouvaient par terre à me lancer des regards lourds de reproche -, et maman s'est mise à les trier pour me donner les bonnes pilules.
    Mon lit avait été ingénieusement placé près de la fenêtre pour que je puisse regarder les gens qui passaient. Sauf que c'était impossible : se trouvait là un voilage aussi inamovible qu'un rideau de fer. Au sens non pas physique, comprenez-le bien, mais social : dans la banlieue dublinoise, écarter effrontément ses rideaux pour avoir une vue imprenable sur « les gens qui passent » est un faux pas équivalant presque à peindre sa porte d'entrée en écossais. De toute façon, il n'y avait pas de passants. Quoique... En fait, depuis quelque temps, à travers le voile, j'avais remarqué une vieille dame qui s'arrêtait presque chaque jour pour faire uriner son chien devant chez nous. Parfois, j'avais l'impression que le chien, un adorable terrier blanc tacheté de noir, n'en avait pas envie, mais que sa maîtresse avait l'air d'insister.
    « Voilà, ma petite demoiselle. » Maman ne m'avait jamais appelée « ma petite demoiselle » avant tous ces événements. « Allez, avale-moi ça. » Elle m'a glissé une poignée de gélules dans la bouche et m'a passé un verre d'eau. Elle était adorable, vraiment, même si je la soupçonnais de seulement jouer un rôle."


    Alors, tentés?