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  • [Livre] Gravé dans le sable

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    Résumé : A la veille du débarquement de Normandie, les soldats américains se réunissent dans la cale du navire. Aucun n’est prêt à s’élancer le premier sur la plage, le lendemain matin. Pour déterminer qui sera le premier à risquer sa vie, les gradés décident d’organiser un tirage au sort. Lucky, avec sa chance du diable, tire le numéro 148. Il semble sauvé. Pourtant, vingt ans plus tard, la belle Alice Queen pleure toujours la disparition de son premier amour. Lorsqu’elle découvre une parcelle de vérité, Alice décide d’enquêter. Pourquoi Lucky s’est-il élancé en quatrième position ce matin-là? Qu’est ce qui a pu le pousser à échanger sa place et à risquer sa vie? Et surtout, pourquoi n’en a-t-elle jamais rien su?

     

    Auteur : Michel Bussi

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 1 octobre 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : J’adore Bussi depuis que j’ai lu « Maman a tort ». Ce livre, rebaptisé « gravé dans le sable » est la réédition d’« Omaha Crimes », le tout premier livre de l’auteur. Et il avait déjà ce petit côté sadique qu’on aime tant chez lui.
    Tout au long de ma lecture, je n’ai fait que douter ou presque. A chaque fois que je pensais avoir compris ce qu’il se passait exactement, il se passait quelque chose qui me faisait tout remettre en question. Très frustrant. Et qui oblige à tourner les pages de plus en plus vite pour « savoir » !
    Pourtant on sent bien que ce livre est le premier car, à un moment, j’ai eu un doute. Je me suis dit : Et si… et puis j’ai secoué la tête en me disant, meuh non… Et ben si !
    Depuis, l’auteur a pris de l’assurance et on a de moins en moins d’illuminations quand on lit ses livres (enfin si on en a…mais on est souvent à côté de la plaque… au mieux, on a un orteil dessus).

    L’histoire se déroule sur 3 périodes : 1944, 1964 et 1975. Au fil des différentes périodes, on est témoins de certaines choses et un puzzle se forme sous nos yeux. Mais jusqu’à la presque toute fin, il nous manque une pièce, une pièce centrale.
    Centrale parce que sans cette pièce, venue gripper la machine, rien ne se serait passé.
    Les personnages ont de multiples facettes. Certains qui semblent pourris jusqu’à la moelle se révèle animé par une juste cause (même si on peut remettre en question leurs choix pour atteindre leur but).
    D’autres, qui semblent gentils et bienveillant, ne sont pas si gentils et inoffensif que ça (pas toujours pour le pire, paradoxalement).

    Difficile d’en dire plus sur ce livre sans risque de dévoiler l’intrigue tant chaque action de chaque personnage a une importance dans le final.
    Je me contenterais donc de vous encourager à le lire. Pour moi, ça a été un coup de cœur !

     

    Un extrait : « Ils montèrent au ciel d’un jour où il tombait des cordes. » Cette phrase hantait Oscar. Il avait dû lire ça quelque part, il n’y a pas longtemps. Ou bien il l’avait entendu quelque part, de la bouche d’un con. Ça ne manquait pas de cons capables de dire cela, sur cette péniche. De cons se prenant pour des prophètes. De cons devenus mystiques, deux ou trois jours avant le Jugement dernier.

    Oscar enfonçait sa grosse tête ronde dans le hublot et regardait les cordes tomber. On ne distinguait plus rien dehors, ni l’eau du port, ni le ciel, ni les bâches grises dissimulant les péniches, à peine la lumière clignotante d’un phare, ou d’un bar, enfin juste d’une vie quelconque dehors, loin.

    Sûr qu’il en tomberait, des cordes, ce putain de 6 juin, sur cette putain de plage, là-bas en face. Sûr que l’eau serait glacée, que le sable serait lourd et lui collerait aux bottes, si jamais il l’atteignait, ce sable… Sûr qu’il ferait un temps pourri, histoire qu’ils ne quittent pas cette terre avec trop de regrets.

    Sûr qu’il tomberait des cordes !

    Oscar pensa alors bêtement que de toute sa vie, il n’était jamais parvenu à monter à une corde, ni à l’école, ni lors des entraînements avec le commando. Il était toujours resté planté à un mètre du sol comme un gros cochon suspendu. Il sourit. Cela prouvait bien qu’il n’avait rien à faire ici, dans cette péniche, parmi ces héros inconscients…

    Ces héros étaient exactement cent quatre-vingt-huit, cent quatre-vingt-sept sans compter Oscar Arlington. Cent quatre-vingt-sept jeunes Américains composant le 9e Rangers, tous serrés dans cette péniche, tous supportant sur leurs épaules le poids de l’une des missions les plus délicates du débarquement de Normandie : se rendre maîtres de la Pointe-Guillaume.

    La Pointe-Guillaume se présentait comme un piton rocheux dominant la falaise normande, coiffé d’un blockhaus et hérissé de canons ; elle était considérée par les stratèges comme l’un des sites les plus importants de l’opération Overlord. Dans la péniche s’entassaient donc cent quatre-vingt-sept jeunes volontaires américains enthousiastes, pétant de santé à grimper et redescendre depuis un mois les falaises anglaises, facilement maintenant, ayant désormais la main ferme, sans vertige, bruyants le soir au bar, buvant et riant, fiers et confiants, en eux, en leur étoile, dans les étoiles de ce drapeau protecteur qu’ils devaient aller planter en haut de la Pointe-Guillaume.

    Pourtant, dans la plus grande salle de la péniche, la salle qu’on utilisait habituellement comme bar, un silence absolu régnait. On avait rangé les cartes, les bières, les dés, tout ce qui servait à tuer le temps sous la bâche. Les cent quatre-vingt-huit rangers s’y tenaient serrés. Certains, comme Oscar, appuyés contre un hublot, d’autres ayant réussi à s’asseoir sur un coin de table ou de tabouret, quelques-uns par terre, la plupart restaient simplement debout. Ces cent quatre-vingt-huit jeunes Américains, le crâne rasé à faire peur, ordinairement pleins d’histoires salaces et de pensées cochonnes, se regardaient muets. Ça puait l’humidité, ça puait la promiscuité suante, ça puait la respiration forte, ça puait comme dans un vestiaire de football. Mais pas un ne disait un mot…

    Le vestiaire de l’équipe qui aurait perdu. Où chacun attendrait la punition, où chacun espérerait qu’elle tomberait sur un autre. Les cent quatre-vingt-huit paires d’yeux regardaient au centre de la pièce un petit tabouret tout bête avec dessus un casque posé.

    Simplement un casque, fixé par tous comme la statue d’un diable.

    Mais qu’est-ce que je fous là ? pensait Oscar.

     

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