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  • [Livre] Amour, vengeance et tentes Quechua

     

    Je remercie les éditions Sarbacane pour cette lecture

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    Résumé : Deuxième samedi du mois de juillet. Depuis toujours, ce jour précis, Tara et ses parents – le morne postier et l’Italienne agitée – prennent le départ des vacances. Direction « le Momo s », camping tenu par la vieille Momo et son fils Jacky.

    Là-bas, Tara respire, retrouve la rivière et son copain de toujours : Adam. Adam devenu, cet été… ce beau mec qui la remue totalement !

    À peine le temps de savourer que débarque Éva, belle et brûlante comme le soleil, et vite surnommée « La Frite » par Tara. Ils étaient deux, ils se retrouvent trois. Les mauvais coups vont tomber, pour Tara comme pour Adam et La Frite, mais aussi pour ce qui n’existe plus : l’insouciance d’avant.

     

    Auteur : Estelle Billon-Spagnol

     

    Edition : Sarbacane

     

    Genre : Jeunesse

     

    Date de parution : 07 Juin 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : Dans ce livre, ce sont vraiment les personnages qui font tout. L’histoire en elle-même est assez banale : deux ados qui ne se voit que l’été, qui ont bien grandit, l’une craque pour l’autre, qui lui craque pour une blondinette qui lui avait donné son premier baiser quand ils étaient mômes. Entre les deux filles, les vacheries et les coups bas s’accumulent.
    Banale quoi.
    Sauf qu’il y a les personnages ! Les personnages qui donnent une profondeur et une saveur au texte qu’on n’aurait pas pu imaginer en lisant le résumé.
    D’abord nos héros : Adam, Tara et la Eva, alias la frite.
    Tara ne se trouve pas vilaine, mais trouve que « peut mieux faire », alors forcément, à se comparer sans cesse à Eva, et à toujours trouver celle-ci « mieux », elle réagit différemment de ce qu’elle aurait fait d’ordinaire. Mais il faut dire qu’Eva déclenche les hostilités à peine arrivée et que franchement, je comprends pourquoi Tara a envie de la baffer, la frite.
    Adam, lui, c’est un mec… mais alors typique…celui qui ne voit jamais ce qu’il y a sous son nez et surtout qui voudrais le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière et plus si affinité. Il ne comprend absolument pas pourquoi Tara prend aussi mal l’intrusion de la frite dans leur duo. Après tout pourquoi est-ce qu’il ne pourrait pas déconner avec son amie tout en roulant des pelles à sa conquête (vu son attitude, je ne parlerais pas de petite amie). Bref une taupe aveugle avec des lunettes noires au fond d’un puits ! Alors ok, il a des soucis, mais bon, rien de bien nouveau. J’ai regretté que Tara ne lui sorte pas en pleine figure certains des monologues qu’elle se joue intérieurement, ça ne lui aurait pas fait de mal.
    Eva, elle, j’ai eu du mal à la cerner. J’ai l’impression que son attitude de vamp doublée de garce vient d’un énorme manque de confiance en elle. D’ailleurs quand on voit sa famille, on le comprend un peu, surtout sa mère. J’ai regretté que la relation entre elles ne soit pas approfondie et qu’on n’en sache pas plus sur cette haine qui semble ronger sa mère de l’intérieur.
    Ca n’excuse pas forcément son attitude (ni celle d’Adam d’ailleurs) parce que la famille de Tara n’est pas mal non plus entre un père dépassé et mou et une mère qui a une réputation (et pas que la réputation d’ailleurs) de trainée internationale qui passe son temps à foutre le camp pour s’envoyer en l’air et à jouer les victimes incomprises en ce monde cruel.
    Finalement, à part Tara, les plus sympathiques dans cette histoire sont Suze, la petite sœur et les voisins de camping, sans oublier Momo, qu’on voit trop peu et Yvanne qu’on découvre bien différente de ce que laissait imaginer son comportement.
    Finalement ce livre est plus qu’une histoire d’amitié ou d’amour, c’est une histoire de changement, de changements profonds qui vont bouleverser la vie de pas mal de monde.

     

    Un extrait : Juste un aller-retour à sa tente pour déposer ses affaires de toilette, et Tara arrive à la buvette. Il est 20 heures, la terrasse est bondée, Jacques fait d’incessants va-et-vient entre les tables. Après un rapide coup d’œil et quelques bonjour lancés à des vacanciers qu’elle connaît, elle se pointe au comptoir.
    Jacky ne tarde pas à revenir, suant avec un plateau vide. Ni grand ni petit. Une allure débonnaire à l’aise dans ses éternelles chemises à carreaux froissées. Et surtout cette voix… cette voix qui a tant émoustillé Tara l’été dernier.
    En vérité, cette voix la chatouille encore, là, alors qu’elle s’accoude au zinc en replaçant ses bretelles de débardeur. Tara, c’est un vieux !
    - Salut ma belle ! Enfin Tara Balice est ar-ri-vée !

    - Salut Jacky

    Jacky l’embrasse et repasse derrière le bar.

    - Les vacances commencent, alors ? Tu veux boire quoi ?
    - Un sirop à l’anis, steup ! Avec…

    - Beaucoup de glaçons, je sais ma belle !

    Jacky lui sert son verre, lance une paille dedans, gagné !, et sourit.
    - Bon, maintenant faut que je prépare la commande des Varloo. Y en a pour un moment…
    Tara a l’impression que le sourire de Jacky est plus fatigué qu’amusé. L’effet « Adieu Minouche », peut être.
    - Bonjour Jacques, c’est qui qu’il a gagné l’étape ? demande un Hollandais – la réponse, il la connaît, mais il n’aime pas se poser au bar sans rien dire.
    - Je sais pas, l’espagnol je crois, répond machinalement Jacky, concentré sur ses doses de pastis.

    Le hollandais embraie avec un café sil vous plait merci ?
    Il essaierait bien de lancer une vraie conversation mais, s’apercevant soudain qu’il vient d’épuiser son stock de français, replonge dans son journal. Il s’achètera une méthode d’apprentissage de cette si jolie langue l’été prochain.
    Jacky, lui, se fout de ce non-dialogue. Ce qu’il veut, c’est finir le roman qu’il écrit depuis des années : Plus jamais la rivière ne me dira où aller, l’histoire douce-amère d’un quinquagénaire qui, du jour au lendemain, décide de partir à pied jusqu’en Russie et se retrouve confronté à son moi profond, enfin c’est l’idée de départ. Roman qu’il va achever cet été ; entre deux clients, deux courses, deux coups de balai, il griffonne des notes dans son carnet.

    Sauf que l’écriture est un marathon et Jacky n’aime pas courir. C’est pourquoi « Je le finis cet été » est sa phrase de chaque été depuis quatre ans qu’il bosse au Momo’s.