Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • [Livre] Il faut sauver Zoé

    il faut sauver zoe.jpg

    Résumé : Écho a connu des jours meilleurs. Ses parents l’ignorent, trop occupés à sombrer dans la dépression, ses amies d’enfance se détournent d’elle, et son entrée au lycée n’annonce aucune embellie.

    Mais comment parvenir à exister alors que le souvenir de sa sœur, Zoé, assassinée un an plus tôt, continue de la hanter ?

    Quand elle met la main sur le journal intime de sa sœur elle découvre, au fil des pages, les secrets que cette dernière a toujours voulu cacher. Et, entre les lignes, le seul moyen pour Écho de se reconstruire…

     

    Auteur : Alyson Noël

     

    Edition : Michel Lafon

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 12 juin 2014

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai eu un vrai coup de cœur avec ce livre. Je connaissais déjà la plume d’Alyson Noël mais dans un registre plus fantastique avec la saga éternels.
    Ici l’auteur s’attarde sur le deuil, mais le deuil dans des circonstances particulières. En effet, Zoé, la sœur du personnage principal n’a pas succombé à une maladie ou un accident, elle a été assassinée.
    C’est un point qui peut paraitre secondaire, on peut se dire que le travail de deuil doit se faire dans tous les cas, mais en réalité, ce point est primordial.
    Echo ressent à la fois la tristesse que la perte de Zoé a provoquée, mais elle ressent aussi une certaine colère envers sa sœur. Parce que Zoé a eu une part active dans sa disparition, elle a fait des cachoteries, s’est montrée imprudente, et Echo lui en veut à la fois de l’avoir abandonnée et d’avoir mis sa famille dans cette situation, avec ses parents qui s’étiolent, qui ne se parlent presque plus et qui ne la laisse quasiment plus respirer tant ils craignent qu’on vienne leur arracher la fille qui leur reste.

    Ils rejettent aussi la faute sur beaucoup de monde. Sur le coupable, ben sûr, mais aussi sur Mark, l’ex petit ami de leur fille à qui ils reprochent de « ne pas avoir sauvé Zoé ». Ce reproche, bien évidemment, ils se le font l’un à l’autre, et la vie de la famille en est bouleversée.
    Pour couronner le tout, Echo, fille discrète qui préfère se plonger dans un roman que d’aller à des fêtes et qui a vécu toute sa vie dans l’ombre de sa sœur, entre au lycée que fréquentait celle-ci et se retrouve soudain sous des projecteurs malsains, devenant « celle dont la sœur a été assassinée ».
    Quand elle récupère le journal intime de Zoé, elle se rend compte qu’elle ignorait tout un pan de la vie de cette dernière, et si cela lui permet de mieux la comprendre, cela lui donne le sentiment d’être passé à côté de sa sœur.
    On ne sait pas exactement comment est morte Zoé, et les quelques informations que nous donnent Echo nous laisse imaginer une mort horrible.
    Une fois le livre commencé, il est impossible à lâcher. Comme Echo, on veut savoir quelles ont été les dernières semaines de la vie de zoé et comment elle en est arrivée à se mettre ainsi en danger.
    La plume d’Alyson Noël est fluide et l’histoire émouvante sans sombrer dans le pathos.
    Un livre que je recommande sans hésiter.

    Un extrait : Quand l’employée de la morgue – une dame aux cheveux frisés coiffés en une natte africaine et vêtue d’une longue robe à fleurs – a demandé si on pouvait lui apporter une photo de Zoé, ma mère s’est caché le visage dans les mains et a commencé à sangloter si fort que mon père l’a prise dans ses bras et, la mâchoire serrée, a hoché la tête comme pour indiquer qu’il s’en chargeait.

    Les yeux rivés sur mes Converse noires tout élimées, je ne comprenais pas bien la requête de cette dame. Partout en ville, on avait placardé des affiches avec la photo de Zoé, si bien qu’on croisait son image à chaque coin de rue. Elle qui était insaisissable, incapable de tenir en place, j’avais l’impression de la voir davantage que quand elle vivait dans la chambre à côté de la mienne.

    Ça avait commencé par deux petits flyers, que l’on avait scotchés partout où on avait trouvé de la place. Le premier, réalisé en urgence, était un agrandissement en noir et blanc d’une photo d’identité datant de un an. Pour le second, on avait utilisé un portrait plus récent, qui montrait ma sœur dans toute sa splendeur : belle, vive, heureuse. On y avait ajouté la promesse d’une généreuse récompense à quiconque serait capable de nous fournir la moindre information.

    Puis, les jours passant, on a commencé à voir son visage un peu partout : journaux, magazines, et même à la télé. Des âmes sensibles et sûrement bien intentionnées ont défilé devant notre maison pour y déposer des bougies, des poèmes, des animaux en peluche, des anges en porcelaine et, évidemment, des photos de Zoé. Quand ce mausolée de fortune a menacé d’envahir la rue tout entière, mon père et un de nos voisins ont décidé de débarrasser tout ce bazar.

    Ironie du sort : Zoé avait toujours rêvé de devenir mannequin ou actrice, et d’être admirée de tous. Elle attendait avec impatience le jour où elle pourrait échapper à notre bled paumé et mettre le cap sur Los Angeles, New York ou une autre grande ville à l’atmosphère trépidante. Alors, pendant qu’on la cherchait partout en s’efforçant de faire taire nos doutes, je m’imaginais que tout ça lui ferait une pub d’enfer et l’aiderait à lancer sa carrière. Que c’était en quelque sorte le casting ultime. J’ai donc trompé de longues heures d’angoisse à prétendre qu’elle serait ravie de voir son portrait repris en chœur par tout le pays lorsque, enfin, elle rentrerait à la maison.

    Puis, à la morgue, j’ai vu mes parents forcés de prendre les décisions les plus terribles qui soient, poussés à s’endetter par un croque-mort en costume noir qui leur recommandait le cercueil le plus luxueux de sa collection, les couronnes de fleurs les plus extravagantes, les colombes les plus blanches. Éberluée, j’ai compris que le deuil constituait un business lucratif et me suis demandé si ma mère percevait l’ironie de cette situation – l’ambition de Zoé, la requête de l’employée… Je me suis demandé si c’était pour ça qu’elle pleurait aussi fort.

    Puis j’ai renoncé à chercher une raison unique à son chagrin : il y en avait tellement…