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  • [Livre] Le roi des fauves

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    Résumé : Poussés par une famine sans précédent, trois amis, Kaya, Ivar et Oswald, prennent le risque de braconner sur les terres de leur seigneur, mais son fils les surprend. Au terme d’une lutte acharnée, ils laissent le noble pour mort. Capturés et jugés pour tentative de meurtre, les trois amis sont condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en « berserkirs ». Au bout de sept jours de lente métamorphose, ils seront devenus des hommes-bêtes, et leur raison s’abîmera dans une rage inextinguible. Le temps de cette transformation, ils sont enfermés dans Hadarfell, un ancien royaume abandonné, dont le passé et l’histoire ont été engloutis par le temps…


    Auteur : Aurélie Wellenstein

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 09 Mars 2017

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le roi des fauves est le premier livre que je lis de cet auteur. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
    J’ai vraiment eu un coup de cœur pour l’écriture d’Aurélie Wellenstein. L’univers du roi des fauves est sombre, violent et angoissant. On est dans un monde médiéval, nordique voire viking si on en croit les termes assez spécifiques de Jarl, walkyries ou encore berzerkirs qui semble être tiré de Berserk (fou furieux en néerlandais). Les prénoms (Ivar, Oswald, Hilde…) renforcent cette idée de vikings. La population meurt de faim tandis que les jarls et les hauts-rois vivent dans l’aisance.
    Kaya, jeune couturière, convainc ses amis Oswald, herboriste, et Ivar, apprenti forgeron, de se glisser dans les bois appartenant au Jarl pour y dénicher un peu de gibier.
    Repéré et poursuivi par le jeune Jarl, ils sont, après une course poursuite à l’issue tragique, arrêté et emmené à la capitale pour être jugés.
    Là, le Jarl, un homme d’une cruauté exceptionnelle pour quelqu’un d’aussi jeune, décide d’épargner leur vie, non pas dans un acte de bonté, mais pour s’assurer que leurs souffrances soient plus vives, plus longues. Il décide qu’ils seront transformés en Berzekirs, ces créatures mi-hommes, mi-animaux, qui sont investis en permanence d’une rage dévastatrice, et maintenus sous contrôle grâce à la magie runique.
    La transformation dure approximativement 7 jours. C’est donc le délai qu’il reste à Ivar, Kaya et Oswald pour trouver le mystérieux roi des fauves, qui leur a promis, dans une vision, de les aider à surmonter le destin qu’on leur impose.
    Un long voyage doublé d’une course contre la montre commence alors. Les dangers sont multiples dans le sombre royaume des berzerkirs : il y a de nombreuses bêtes féroces qui vivent là, la faim, la soif, le froid, mais surtout, il y a ce changement inéluctable qui se produit en eux, lentement, insidieusement.
    C’est cette lutte contre eux même qui est le plus intéressant des aspects de ce livre. Aurélie Wellenstein la décrit avec beaucoup de finesse. La transformation de leur esprit est encore plus importante que celle du corps, mais si celle-ci reste impressionnante.
    J’ai beaucoup aimé Ivar, qui se bat avec une incroyable maitrise contre ces changements qu’il refuse, et Oswald et Hilde, même si elle a un rôle plus secondaire, qui sont plus doux, plus humains au sens figuré du terme. En revanche, j’ai eu beaucoup plus de ma avec Kaya. Certes je comprends qu’elle ressente toute l’injustice de la situation, mais j’ai trouvé qu’elle avait tendance à en vouloir aux autres en oubliant ses propres responsabilités. Elle est dure, inutilement méchante, et je pense que la forme animale que prend le berzerkir est révélateur du caractère de la personne. Bref, je ne l’ai pas aimée.
    J’ai passé un excellent moment avec ce roman, j’ai dû me forcer à le poser pour dormir, et je me suis replongée dedans à peine réveillée. J’ai deux autres de ses livres dans ma PAL, et j’ai hâte de me plonger dedans en espérant aimer autant !

     

    Un extrait : L’aube grisaillait à l’horizon quand Ivar quitta la forge. Soufflant dans son col pour se réchauffer, il s’engouffra dans les étroites ruelles du village. À cette heure, la grande majorité du bourg dormait encore et le jeune homme comptait sortir sans être vu. Par sécurité, il rasait les murs, son arc et ses flèches dissimulés sous son manteau. Il se demandait si ses amis avaient réussi à trouver le sommeil. Lui avait tourné et retourné leur projet insensé dans sa tête durant toute la nuit. Quand il s’était finalement levé, il était résolu à prévenir son père, mais bien sûr, il n’en avait rien fait. Il n’avait même pas eu le courage de réveiller le forgeron. Le pauvre homme était endormi devant la table vide de leur salle à manger, la tête sur les bras. À ce stade, l’accabler d’un fardeau supplémentaire relevait de la cruauté…

    Le jeune homme soupira et enfonça ses poings dans ses poches. Il devait avoir l’air si préoccupé qu’il se réjouit d’être seul, son expression noyée dans l’ombre ardoise des murs. Devant ses amis tout à l’heure, il lui faudrait faire meilleure figure.

    Ivar ralentit brièvement devant la boutique de l’herboriste, mais ne trouva personne. Oswald était déjà parti ou bien il se terrait chez lui. Le jeune homme allongea de nouveau l’allure. Un peu d’agacement colorait sa nervosité. Pourquoi s’entêtait-il à vouloir mêler son père à son dilemme ? Ce soir, il le mettrait devant le fait accompli, et voilà tout. À dix-sept ans, il était grand temps qu’il prenne ses responsabilités. Son père l’avait protégé et nourri jusqu’alors ; c’était à son tour à présent.

    Tout à ses pensées, il tourna trop rapidement l’angle de la rue et déboucha sur la place du marché : une poignée d’artisans relevaient déjà les volets de leurs boutiques. Ivar ne put s’empêcher d’effleurer la petite bosse que formait l’arc derrière son épaule. Il avait l’impression qu’un seul coup d’œil le trahirait.

    Allez, avance, s’ordonna-t-il.

    Il fit le premier pas, le plus difficile, et les autres suivirent. Il traversa la place, le dos droit, l’air dégagé. Les artisans lui jetèrent à peine un regard, ce qui bizarrement lui causa une déception trouble, comme si une partie de lui-même souhaitait être arrêtée. Mais était-ce si étrange ? Ne valait-il pas mieux se faire sermonner maintenant que condamner pour vol dans quelques heures ? Il rentrerait chez lui et redeviendrait ce qu’il était : un simple apprenti forgeron et non un braconnier se faufilant sur les terres du Jarl pour lui ravir du gibier…

     

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