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  • Premières lignes #42

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    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Glacé de Bernard Minier dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

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    Chaque fois qu’il grimpait là-haut, il avait l’impression de saisir une vérité élémentaire de son existence. Mais il était incapable de dire laquelle.

    Huysmans déplaça son regard vers le sommet.

    Le terminus de la télécabine – un échafaudage métallique accroché à l’entrée bétonnée du puits d’accès – se rapprochait. Une fois la cabine immobilisée, les hommes emprunteraient une série de passerelles et d’escaliers jusqu’au blockhaus de béton.

    Le vent soufflait avec violence. Il devait faire dans les moins dix dehors.

    Huysmans plissa les yeux.

    Il y avait quelque chose d’inhabituel dans la forme de l’échafaudage.

    Quelque chose en plus…

    Comme une ombre parmi les entretoises et les poutrelles d’acier balayées par les bourrasques.

    Un aigle, songea-t-il, un aigle s’est pris dans les câbles et les poulies.

    Non, absurde. Mais c’était pourtant ça : un grand oiseau aux ailes déployées. Un vautour peut-être, prisonnier de la superstructure, empêtré entre les grilles et les barreaux.

    — Eh, regardez ça !

    La voix de Joachim. Il l’avait repéré, lui aussi. Les autres se tournèrent vers la plate-forme.

    — Bon Dieu ! qu’est-ce que c’est ?

    Ce n’est pas un oiseau en tout cas, songea Huysmans.

    Une inquiétude diffuse montait en lui. C’était accroché au-dessus de la plate-forme, juste en dessous des câbles et des poulies – comme suspendu dans les airs. Cela ressemblait à un papillon géant, un papillon sombre et maléfique qui se détachait sur la blancheur de la neige et du ciel.

    — Bordel ! c’est quoi ce truc ?

    La cabine ralentit sur son erre. Ils arrivaient. La forme grandit.

    — Sainte Mère de Dieu !

    Ce n’était pas un papillon – ni un oiseau.

    La cabine s’immobilisa, les portes s’ouvrirent automatiquement.

    Une rafale glacée chargée de flocons fouetta leurs visages. Mais personne ne descendit. Ils restèrent là, à contempler l’œuvre de folie et de mort. Ils savaient déjà qu’ils n’oublieraient jamais cette vision.

    Le vent hurlait autour de la plate-forme. Ce n’étaient plus des cris d’enfants que Huysmans entendait, mais ceux d’un autre supplice, des cris atroces couverts par les hurlements du vent. Ils reculèrent d’un pas à l’intérieur.

    La peur les percuta comme un train en marche. Huysmans se rua vers le casque à écouteurs, le vissa sur son crâne.

    — La centrale ? Ici Huysmans ! Appelez la gendarmerie ! Vite ! Dites-leur de rappliquer ! Il y a un cadavre ici ! Un truc de malade !

     

    Alors, tentés?