Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Premières lignes #34

    Premières lignes.jpg

    Premières lignes est un rendez-vous livresque mis en place par Aurélia du blog Ma lecturothèqueLa liste des participants est répertoriée sur son blog (Si ce n’est que son rdv est le dimanche et que je mettrai le mien en ligne chaque samedi).
    Le principe est de, chaque semaine, vous faire découvrir un livre en vous en livrant les premières lignes.
    Pour ma part, j’ai décidé de vous faire découvrir mes coups de cœurs !

     

    Cette semaine, je vous présente Derrière la haine de Barbara Abel dont vous pouvez lire ma chronique ICI.

     

    derriere la haine.jpg

     

    Laetitia avait réussi un créneau parfait. Du premier coup. Ce qui, pourtant, n’adoucit pas son humeur.
    — Éteins ta Nintendo, Milo, on est arrivés, dit-elle machinalement.
    Sur la banquette arrière, le petit garçon était rivé à son jeu.
    La jeune femme sortit de la voiture tout en s’emparant de son porte-documents, du cartable de Milo, de deux sacs de courses… Plus de main pour ouvrir la portière à l’enfant : d’un coup de coude au carreau, elle lui signifia qu’elle ne l’attendrait pas.
    — Grouille-toi, Milo, je suis chargée comme une mule !
    — Attends, je dois sauvegarder !
    L’inconfortable posture de Laetitia fit frémir la soupe, l’indolence de son fils y déversa un litre de lait bouillonnant.
    — Milo ! asséna-t-elle sèchement, parce que le créneau était bien la seule chose qui se soit déroulée sans encombre ce jour-là. Tu sors de cette voiture tout de suite ou tu es privé de Nintendo pendant une semaine.
    — C’est bon ! soupira-t-il sans pour autant quitter sa console des yeux.
    Il fit glisser ses fesses jusqu’à l’extrémité de la banquette, mit un pied sur le trottoir et s’extirpa avec mollesse du véhicule.
    — Et ferme la portière, si ce n’est pas trop te demander !
    — Laetitia ! l’interpella derrière elle une voix qui la figea sur place. On peut parler quelques instants ?
    Elle se retourna. Tiphaine se tenait là, à quelques mètres à peine, en tenue de jogging. Elle était en nage, le visage luisant après l’effort qu’elle venait de fournir, quelques mèches de cheveux collées sur son front. Le souffle court, elle attendit une réponse qui ne vint pas puis, détournant les yeux, elle s’approcha de Milo dont elle ébouriffa la tête.
    — Ça va, mon grand ? lui demanda-t-elle gentiment.
    — Bonjour, Tatiphaine ! lui répondit l’enfant avec un lumineux sourire.
    Excédée, Laetitia les rejoignit en deux enjambées, saisit son fils par le bras d’un geste ferme et le fit passer derrière elle.
    — Je t’interdis de lui adresser la parole, siffla-t-elle entre ses dents.
    Tiphaine encaissa l’attaque sans broncher.
    — Laetitia, s’il te plaît… On peut parler ?
    — Milo, rentre à la maison ! lui intima sa mère.
    — Maman…
    — Rentre, je te dis ! le somma-t-elle d’un ton qui ne souffrait pas la discussion.
    Milo hésita puis, la mine boudeuse, se dirigea vers sa maison. Dès qu’il se fut éloigné, Laetitia revint sur Tiphaine :
    — Je te préviens, espèce de malade mentale, si je te vois encore une fois tourner autour de lui, je t’arrache les yeux !
    — Écoute, Laetitia, si tu n’arrives pas à comprendre que je n’ai jamais voulu…
    — Tais-toi ! murmura-t-elle en fermant les yeux en signe d’intense exaspération. Épargne-moi tes excuses à deux balles, je n’y crois pas une seconde !
    — Ah non ? Et qu’est-ce que tu crois, alors ?
    Laetitia la toisa d’un regard glacial.
    — J’ai très bien compris ce que tu cherches à faire, Tiphaine. Mais je te préviens : la prochaine fois qu’il arrive quoi que ce soit à Milo, j’appelle les flics !
    Tiphaine parut sincèrement étonnée. Elle dévisagea Laetitia d’un air interrogateur, hésitant sur le sens à donner à ses paroles. Puis, comme si elle comprenait soudain que rien ne pourrait la faire changer d’avis, elle soupira sans cacher la douleur que l’attitude de son interlocutrice instillait en elle :
    — Je ne sais pas dans quel délire parano tu es en train de sombrer, Laetitia, mais ce qui est sûr, c’est que tu es complètement à côté de la plaque. S’il te plaît, essaie de me croire un tout petit peu. Et si tu ne veux pas le faire pour moi, fais-le pour Milo. Parce que là, tu es en train de le détruire à petit feu…
    À ces mots, Laetitia haussa un sourcil narquois tandis qu’une lueur de cruauté traversait sa pupille, comme un éclair zébrant un ciel d’orage.
    — C’est vrai que tu t’y connais, toi, dans la manière de détruire un enfant, articula-t-elle d’un ton presque suave.

     

    Alors, tentés?