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  • [Livre] Les sœurs Carmine – T01 – le complot des corbeaux

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    Résumé : Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les mœurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
    Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…


    Auteur : Ariel Holzl

     

    Edition : Mnémos

     

    Genre : Fantasy

     

    Date de parution : 16 Mars 2017

     

    Prix moyen :

     

    Mon avis : L’univers que nous offre Ariel Holzl est sombre mais non dépourvu d’un certain humour. Dans ce monde, une monarchie du XIXème siècle baignant dans une brume permanente (d’où son nom de Grisaille). On y croise voleurs, assassins, vampires, zombies et autres joyeusetés à tous les coins de rue. 8 grandes familles, constituant la noblesse, toutes pourvues de pouvoirs spécifiques, luttent plus ou moins ouvertement pour le trône, lequel, s’il est supposé se transmettre héréditairement, est souvent vacant suite à des « accidents » opportuns. Le reste de la ville, s’il est constitué de roturiers peu préoccupés par les guerres de pouvoirs, ne s’entretue pas moins allégrement à la moindre occasion.
    Les sœurs Carmine, roturières sans pères, sont au nombre de trois. Leur mère étant une courtisane de haut vol, disparue depuis quelque temps, on se doute que leurs pères ne sont probablement pas bouchers ou croque-mort mais on n’en sait pas plus.
    L’aînée, Tristabelle, est égocentrique et narcissique et toujours préoccupée de son apparence même dans le pire des dangers. Elle possède le don certain de provoquer chez autrui d’irrépressibles envie de meurtre à son endroit.
    Merryvère, la cadette, et la narratrice de ce premier tome, est sans doute celle qui a le plus les pieds sur terre (sans jeu de mot avec son métier de monte en l’air). Elle vole pour faire vivre sa famille et pour tenter de payer leurs dettes tandis que Tristabelle semble croire que l’argent finira bien par tomber du ciel. Contrairement à la majorité des habitants de Grisaille, Merryvère n’aime pas tuer et essaie d’éviter au maximum que ce genre d’évènement désagréable ne se produise. Malheureusement pour elle, elle est le pire monte en l’air au monde, doté d’une poisse incroyable qui la suit partout et qui provoque diverse catastrophes. Merryvère se fourre sans cesse dans des pétrins inextricables.
    La plus jeune des sœurs Carmine, Dolorine, n’a que 8 ans. Elle traine partout avec elle une poupée appelée Nyx qui passe son temps à lui conseiller de tuer des gens. Capables de voir les fantômes, elle apprend toujours plein de choses en discutant avec eux, mais ça façon bien à elle de relayer les informations fait que ses sœurs ne comprenne toujours que trop tard ses avertissements.
    Malgré leur morale quelque peu vacillante, on s’attache très vite aux trois sœurs, que ce soit Merryvère que l’on suit tout au long du livre, Tristabelle qu’on découvre au travers des yeux de sa sœur qu’elle exaspère, ou Dolorine qu’on ne découvre quasiment qu’à travers les pages de son journal intime.
    La fin du livre nous laisse sur un sacré cliffhanger et je suis bien contente d’avoir déjà les tomes 2 et 3 dans ma bibliothèque et de ne pas être obligée d’attendre des mois pour découvrir la suite !
    Du côté de l’écriture, rien à redire. Le style est une vrai drogue, tout comme l’univers qui est décrit de manière à nous donner l’impression d’y être plongé.
    Ma scène préféré reste celle où une bataille est raconté minute par minute et que soudain, une information totalement inutile est donnée, cassant complètement le rythme et me provoquant un fou rire dont j’ai eu du mal à me remettre tant ce passage était absurde.
    Il va sans dire que je ne vais pas tarder à me jeter sur le tome 2 !

     

    Un extrait : À Grisaille, de la brume, il y en avait partout : parmi les ruelles scabreuses, à travers les allées malsaines, au fin fond des impasses, au pied des gargouilles, devant les vitraux des cathédrales, sous les lampes à gaz, entre les pavés toujours humides de pluie ou de sang…

    Partout !

    La cité en devenait plus sinistre qu’une morgue. Pour ne rien arranger, l’engouement de la Reine pour l’Arbor tragicus – un spécimen affreusement mélancolique de saule pleureur – ajoutait à la morosité générale. Pas étonnant alors que le taux de suicide dans les jardins publics ait fini par pulvériser tous les records, à tel point que les employés royaux ne décrochaient même plus les pendus des arbres. Ils se contentaient de vêtir les cadavres de couleurs vives et d’y épingler des guirlandes de lampions, pour leur donner un petit côté festif pendant les pique-niques ou les garden-parties.

    Presque aussi paresseuse, la brume somnolait ce matin entre le marbre des stèles. Elle ne faisait malheureusement pas briller le cimetière par son originalité.

    Mais il fallait l’excuser, la brume… Deux cent quarante-trois cimetières pour une seule ville, difficile de toujours se renouveler.

    L’aube pesante ne l’aidait guère. L’automne avait dénudé les saules, dégarni les cyprès, recouvert de corbeaux la moindre grille, la moindre branche tortueuse.

    On venait heureusement d’échapper au cliché des croassements de mauvais augure ; le TCHAC ! abrupt de la lame avait tué le récital dans l’œuf. Ou presque.

    La main qui avait lancé le poignard se prolongeait par une manche de dentelle blanche, puis une robe trop ample où flottait une jeune fille qui détestait les oiseaux. Elle leur vouait une haine strictement professionnelle cependant, qui n’était ni du sadisme ni de la cruauté. Comparée aux autres habitants, une telle déviance méritait d’être soulignée.

    Sa présence ici, en revanche, n’avait rien de remarquable : selon les naturalistes de Grisaille, les jeunes filles en robes blanches arrivaient en troisième position des espèces les plus communes dans les cimetières, juste après les corbeaux et les asticots. En voici d’ailleurs une autre, assise sur une pierre tombale, non loin de la première. Sa robe blanche tombait mieux sur elle, tout comme ses boucles auburn qui tombaient mieux jusqu’à ses épaules que les mèches courtes et blondes de la lanceuse de couteaux. Mais impossible de s’y méprendre, elles faisaient partie de la même espèce et, plus particulièrement, de la même fratrie.

     

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