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  • [Livre] Vers la liberté

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    Résumé : Fille d'une Américaine et d'un médecin iranien installé depuis plusieurs années aux Etats-Unis, Mahtob a 4 ans lorsqu'elle part pour des vacances en Iran avec ses parents. Une fois sur place, son père révèle la véritable raison de ce voyage :

    « Maintenant, vous êtes dans mon pays. Vous devrez respecter mes règles. Vous resterez ici jusqu'à la mort. »

    Pendant un an et demi, la fillette et sa mère seront retenues prisonnières, subissant les coups et la folie d'un père. Elles finiront par s'évader.

    Dans Vers la liberté..., Mahtob Mahmoody revient sur ces événements dramatiques et raconte sa vie après leur fuite d'Iran : comment, des années durant, elle a vécu dans la peur d'un nouvel enlèvement ; l'obligation de prendre un nom d'emprunt pendant toute sa scolarité, la maladie grave qui a failli lui voler la vie à l'adolescence ; l'ombre menaçante et les chantages de son père, la célébrité de sa mère, les trahisons, la haine, les cauchemars, les petits bonheurs de l'existence et la force de l'espérance aussi

     

    Auteur : Mahtob Mahmoody

     

    Edition : Pocket

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 07 mai 2014

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Mahtob Mahmoody, avec ce livre, va venir nous donner sa propre version de l’histoire de jamais sans ma fille. Mahtob raconte comment elle a vécu sa séquestration en Iran, les souvenirs sont assez identiques à ceux de sa mère, mais elle les a ressenti différemment. Le récit de Betty est étoffé par tous ces moments où Mahtob et elle étaient séparées (l’école, quand Moody avait emmené Mahtob) et que seule mahtob pouvait nous révéler. D’ailleurs elle précise qu’elle n’a jamais lu le livre de sa mère, parce qu’elle voulait être sûre que ses souvenirs étaient bien les siens et pas des souvenirs induits.

    Mahtob était une fillette très mature et c’est parfois effrayant de voir la haine profonde qu’elle ressent envers son père. Betty a tout fait pour apaiser cette haine et pour que sa fille ne rejette pas en bloc son héritage iranien.
    On peut voir aussi que Mahtob n’a pas toujours vu d’un très bon œil l’implication de sa mère dans sa fondation destinée à venir en aide aux familles confrontées à l’enlèvement d’un enfant par un parent étranger. Les déménagements successifs, les voyages, les coups de fils à toutes heures, semblent lui avoir pesés et, sans être capricieuses, elle a fini par se rebiffer.
    Mahtob a une relation avec Dieu plus profonde que sa mère. Elle s’est vraiment appuyé sur la foi pour traverser tout ce qu’elle a dû vivre, que ce soit la peur de son père ou sa maladie.
    Quand on voit la peur dans laquelle elle a vécu toute sa vie, les intimidations, le harcèlement même à certaines périodes, on se dit qu’elle a vécu presque aussi prisonnière de l’ombre de son père qu’elle l’a été physiquement en Iran.
    Pendant des années, elle a craint un enlèvement, puis, devenue adulte, elle a très lucidement craint que son père, voyant qu’il ne la ramènerait ni vers la foi musulmane, ni sous son autorité, n’en viennent à commanditer un crime d’honneur.
    Aujourd’hui Sayeed Bozorg Mahmoody est mort et j’espère que Mahtob a pu retrouver la sérénité.
    J’ai beaucoup apprécié, à la fin de son livre, le petit glossaire nous éclairant sur certains termes. Ainsi, j’ai toujours cru que Ameh Bozorg était le nom de la sœur de Moody. En lisant le glossaire, j’ai appris que cela voulait simplement dire « grand tante ».
    J’ai beaucoup aimé ce livre qui, d’une certaine façon, complète ceux de Betty Mahmoody en apportant un nouvel éclairage sur leurs vies.

    Un extrait : J’ai été parcourue d’un frisson. Maman et moi n’avions pas les documents nécessaires. Mon père avait gardé nos vrais passeports. Ceux que nous avions, bien qu’authentiques, n’étaient pas valides. Ils nous avaient été envoyés par l’ambassade américaine de Berne, en Suisse, par le biais de l’ambassade suisse à Téhéran, l’automne passé, pour une tentative d’évasion qui était tombée à l’eau. Sans les cachets adéquats, nos passeports n’étaient que de petits carnets adéquats, nos passeports n’étaient que de petits carnets sans valeur avec nos photos d’identité et il en serait ainsi jusqu’à ce que nous atteignions l’ambassade américaine d’Ankara. Si les soldats consultaient nos passeports avant, nous serions renvoyés en Iran – soit pour y être emprisonnées soit chez mon père. Quoi qu’il en soit, je ne reverrais pas ma mère.
    […]
    Je me suis rendormie et, cette fois, je me suis réveillée quand l’autocar s’est arrêté. J’ai regardé autour de moi pour voir ce qu’il se passait, puis mes yeux se sont fixés sur le chauffeur qui s’apprêtait à ouvrir la portière. Instinctivement, mon regard s’est dirigé vers les portes battantes et là, quelle horreur, se tenait un soldat.
    Me recroquevillant, je me suis agrippée à ma mère. Je ne les laisserais pas me l’enlever. Nous avons regardé le chauffeur descendre du bus et discuter avec le soldat. Les deux hommes s’entretenaient à grand renfort de gestes. Ils montraient du doigt puis parlaient puis montraient de nouveau du doigt. Ca n’était certainement pas une conversation amicale. Pendant ce qui m’a paru une éternité, ils ont poursuivi leur discussion et maman et moi retenions notre respiration, attendant l’issue, craignant le pire. Enfin le soldat a laissé remonter le chauffeur dans l’autocar. Sans un mot, il s’est laissé tomber sur son siège. L’autocar a repris vie dans un teuf-teuf, puis la route.
    Cela s’est produit plusieurs fois.

    ­[…]

    Le chauffeur nous a déposées à l’hôtel devant l’ambassade où, avec force appréhension, ma mère fut obligée de donner nos passeports non valides. C’était quasiment un miracle que, depuis la gare routière de Van, c’était la première fois que nous avions à les montrer. En échange de nos passeports, on nous a donné la clé de notre chambre où, pendant de précieuses heures, maman et moi pourrions nous reposer dans une paix relative derrière la solidité rassurante d’une porte verrouillée.
    Maman et moi, main dans la main, avons vite rejoint notre chambre, la tête nous tournant à l’idée de prendre enfin un bain et de nous brosser les dents. Nous nous sentions plus libres que jamais.
    […]
    Notre bulle a explosé quelques minutes après que nous soyons entrées dans notre chambre d’hôtel : on a frappé fort à la porte. Notre couverture avait été découverte. L’employé de l’hôtel nous demandait de partir sur-le-champ. Maman l’a imploré de nous laisser rester jusqu’au matin. Le personnel de l’ambassade tamponnerait nos passeports et tout s’arrangerait. Il n’y eut cependant aucun moyen de le persuader. Nous étions des clandestins et il ne prendrait pas le risque de nous héberger, même pour une nuit.