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  • [Livre] Le président

     

    Je remercie l'auteur et le site Librinova pour cette lecture

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    Résumé : L’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union Européenne, la victoire de François Fillon à la Primaire de la Droite et du Centre, puis le "Pénélope Gate", la montée d’Emmanuel Macron dans la course à l’Elysée ou le renoncement de François Hollande sont autant d’exemples récents qui semblent donner raison à cet adage. Dans ce contexte mouvant, ne peut-on pas imaginer un retour de Nicolas Sarkozy dans la course à l'élection Présidentielle de 2017, à l'aune d'événements peut-être pas si improbables que ça...

     

    Auteur : David Guinard

     

    Edition : Librinova

     

    Genre : Roman contemporain

     

    Date de parution : 14 février 2017

     

    Prix moyen : 14,90€

     

    Mon avis : J’ai classé ce livre en roman contemporain parce que je ne savais pas trop où le classer. On a un peu de doc fiction, un peu de thriller psychologique… difficile de ne le ranger que dans un seul genre.
    J’espère que l’auteur s’est renseigné sur la légalité de son livre : utiliser des personnes existantes dans un récit de fiction se basant sur des faits réels ne peut-il pas lui attirer des ennuis ? J’espère que non, ce serait dommage.
    Ce livre se lit vite et facilement tout en étant très pointu sur les notions de droit constitutionnel et de fonctionnement des institutions.
    J’ai trouvé très peu de coquilles, et on voit bien qu’il s’agit de coquilles, de fautes de frappes et pas de méconnaissance de la langue. Bien au contraire, d’ailleurs, car parfois l’auteur utilise des termes littéraires tels que mésaises ou commensaux. J’ai trouvé que ce changement de registre était dommage car cela cassait le rythme du récit.
    J’ai aussi regretté la vulgarité des personnages principaux. Il y a eu des moments ou je me suis demandé si leur vocabulaire ne se limitait pas à « niquer ».
    J’ai détesté le personnage principal, Sébastien. Tellement, qu’en comparaison Sarkozy m’a presque paru sympathique (j’ai dis presque). Tout m’a rebuté chez lui, de son tempérament à ses convictions politiques, mais le pire était certainement son arrogance. Tout le livre, j’ai espéré le voir se fracasser au sol, mais sur ce plan là, je suis restée sur ma faim. Rien d’étonnant, me direz vous, les politiques s’en sortent toujours…
    Les
    conspirationnistes diront que les faits relatés dans ce livre sont tout à fait plausibles, je préfère croire que les politiques ne sont pas pourris à ce point. Restons positif !
    Moi que la politique gonfle profondément, je ne me suis pas ennuyée une seconde avec cette lecture.
    La fin m’a d’abord frustrée (c’est le syndrome du lecteur qui veut des fins tranchées), mais avec le recul, je la trouve parfaite. Il n’y avait aucune autre fin possible !


    Un extrait : Les résultats sont tombés depuis plus de trois heures déjà, et pourtant Sébastien ne parvient pas à détacher son regard du bandeau qui trône en pied d’écran sur les quatre télévisions qui encadrent le salon. Non pas qu’il n’avait pas anticipé la défaite de Nicolas Sarkozy, les sondages la clamaient haut et fort depuis plus d’un an à mesure que Juppé s’imposait comme l’ultime recours, presque trans-partisan, à une France exsangue, mais pas ce soir, pas à l’issue d’un premier tour plaçant le collaborateur Fillon à plus de 40% des suffrages et dépossédant ainsi son candidat de son ultime baroud d’honneur.

    Intimement, il se rend compte, en dépit de ses dénégations prudentes de ces derniers jours, qu’il avait conservé au fond de lui-même un espoir en un renversement des tendances, en un nouveau coup de massue sur la tête des sondeurs, en un violent sursaut du peuple. L’élection de Trump quelques semaines auparavant flottait nécessairement en filigrane dans son inconscient, et même la remontée récente du croque-mort de la Sarthe dans les intentions de votes lui avait soufflé des calculs de report de voix ultra-cathos au second tour éventuellement propices à une victoire sur le fil.

    Fol espoir que le présentateur de BFM TV a douché ce soir avec une désinvolture qui fait insulte à leur engagement à tous. Sébastien ne parvient toujours pas à réaliser que Fillon a réuni deux fois plus de votants que l’ancien Président et s’ouvre ainsi, presque sans suspens, les portes de l’Elysée avec un programme à faire gerber tout individu doué de la raison la plus élémentaire. Que tout s’achève ainsi, ici, dans les coulisses d’une salle de conférence sans doute désormais désertée par les journalistes, lui semble si incongru, presque intolérable.

    Sébastien sirote distraitement son verre de cognac que Christophe, son acolyte de toujours, avait glissé dans son sac en quittant l’appartement qu’ils partagent rue de Tocqueville dans le XVIIème ce matin, afin de célébrer dignement – un Borderies XO de chez Camus, son préféré – la qualification de Nicolas Sarkozy au second tour des primaires de la droite et du centre, et qui achève, à cet instant, de noyer leur désarroi commun. Au moins l’amertume glisse-t-elle avec chaleur jusqu’au creux de sa gorge.

    — C’est fini, souffle la voix délicieusement éraillée de Nadia, derrière lui.

    Ça doit bien faire huit fois qu’elle répète ces trois mots, comme une punchline destinée à briser le sort, comme un appel au secours, comme un cri. Sébastien a envie de se retourner et de lui foutre deux baffes afin qu’elle se ressaisisse, un peu comme lorsqu’au moment de jouir, elle cherche à reprendre le contrôle de leurs mouvements corps contre corps, et qu’il lui inflige une dernière salve de ses reins afin de l’achever sans considération.

    Sébastien aime bien niquer avec elle, même s’il sait que depuis quelques semaines elle voyait aussi un mec du staff de Lemaire, on ne sait jamais, elle a raison de ménager ses arrières, surtout un soir comme celui-ci, mais Sébastien se dit que si l’alcool n’avait pas commencé à attaquer ses terminaisons nerveuses, il l’aurait bien attrapée par le bras et conduite jusque dans les chiottes du sous-sol afin de faire éclater sa frustration en son sein.

    — Peut-être pas.