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  • [Livre] La dame du manoir de Wildfell Hall

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    Résumé : L’arrivée de Mrs Helen Graham, nouvelle occupante du manoir délabré de Wildfell, alimente tous les on-dit.
    Qui est donc cette mystérieuse artiste, qui se dit veuve et vit seule avec son jeune fils ? Quel inconvenant secret cache-t-elle ? Et pourquoi son voisin veille-t-il si jalousement sur elle ?
    Même Gilbert Markham, un prospère éleveur tombé sous le charme d'Helen, commence à douter d'elle. Il est vrai qu'Eliza Millward, sa promise, ne cesse de propager des ragots sur la dame du manoir. Un drame semble inévitable...

     

    Auteur : Anne Brontë

     

    Edition : Archipoche

     

    Genre : Classique

     

    Date de parution : 2012 (archipoche)
                                  1848 (1ère édition)

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : J’ai reçu ce livre lors d’un swap il y a des lustres et je n’ai jamais eu le temps de le lire. Il y a quelques mois, j’ai essayé mais je n’ai pas du tout réussi à entrer dans l’histoire.
    Et puis, là, pour rattraper mon retard dans un challenge, je l’ai remis sur ma table de chevet et, dès les 1ères lignes, j’ai été happée dans l’histoire.
    L’histoire en elle-même est du point de vue de Gilbert Markham qui écrit une longue lettre à un ami, mais, en milieu de lecture, le point de vue devient celui d’Helen Graham du fait d’un journal intime que Gilbert recopie intégralement dans sa lettre. Par ce tour de passe-passe, on a donc deux points de vue différents suivant les périodes de l’histoire.
    Le voisinage de Wildfell hall semble faire de la médisance un sport national. J’ai souvent regretté que la bonne éducation et les convenances empêchent Helen de les envoyer vertement balader.
    Vous imaginez si, aujourd’hui, une voisine que vous venez à peine de rencontrer, vous disait que vous ne savez pas élever votre fils, que vous avez tout faux et qu’elle va vous envoyer le curé pour qu’il vous chapitre à ce sujet ? Personnellement, je lui fais avaler son assiette de gâteau sec par les narines.
    Gilbert n’est guère mieux, même s’il essaie de se donner le beau rôle. Son attitude envers Mr Lawrence, qui est censé être son ami, est inqualifiable. Il se montre insultant voire violent uniquement parce qu’il pense que la voisine lui préfère le voisin ?
    Quand on arrive au journal intime d’Helen on a envie de la secouer et de lui dire de ne surtout pas se faire avoir. Dans un sens, sa tante n’avait pas tort, mais elle a perdu toute crédibilité aux yeux de sa nièce par sa manière de faire, d’essayer de la manipuler pour lui faire accepter un mariage à sa propre convenance. Il était à parier qu’une fille de 18 ans libre de choisir son mari aller s’obstiner.
    Du côté de l’entourage d’Helen, on ne peut pas s’empêcher de plaindre l’amie d’Helen, Millicent, car son mariage semble être le pire de tous et on a peur pour sa petite sœur car on voit que leur mère est prête à tout pour marier ses filles au plus vite.
    A la lecture de ce journal, on se dit que les apparences sont parfois trompeuses mais que ça ne rattrape pas toutes les fois où elles étaient plutôt transparentes.
    Helen est peut être un peu trop religieuse, et se cache un peu trop derrière la religion, mais si cela lui permet de tenir face au comportement de son mari, franchement, ça ou autre chose…
    Pour le mari d’Helen, Anne Brontë s’est inspirée de la déchéance de son frère qui a sombré dans la dissipation, le jeu, l’alcool (très classe pour un fils de pasteur).
    Anne est moins connue que ses sœurs Emily (les hauts de hurlevents) et Charlotte (Jane Eyre), mais on trouve assez facilement ses deux romans, tandis que ses sœurs ne sont connus que par un seul ouvrage chacune (même si Charlotte a écris plusieurs livres).

    Cette critique de la conduite des hommes et la réaction d’Helen devant l’attitude de son époux a profondément choqué la société de l’époque pour laquelle une femme doit subir en silence « tout ce que Dieu lui envoie ».
    Cette « révolte » fait de ce roman l’un des premiers romans féministes (enfin plus ou moins, vu que le mariage reste la panacée).
    Ce roman a tant choqué, qu’après la mort d’Anne, sa propre sœur, Charlotte, va interdire sa réimpression.
    Heureusement que finalement, il a été réédité, car sinon, on serait passé à coté d’un vrai chef-d’œuvre.

    Un extrait : - Je voulais vous rapporter ce que j’ai appris chez elle, reprit Rose. J’en meurs d’envie depuis des heures ! Vous savez tous qu’on raconte depuis des semaines que Wildfell Hall est sur le point de trouver un locataire, n’est ce pas ? Et bien ! Figurez vous que le manoir est habité depuis plus d’une semaine ! Et nous ne le savions même pas !

    - Pas possible ! s’exclama ma mère.

    - Absurde ! cria Fergus

    - C’est pourtant vrai !...Et la nouvelle locataire est une dame seule.

    - Seigneur !...Mais la maison est en ruine !

    - Elle a fait effectuer les réparations indispensables dans deux ou trois pièces ; elle y habite toute seule avec une vieille femme qui lui sert de servante !

    - Oh ! mais cela gâte tout ! Moi qui avait espéré qu’il s’agissait d’une sorcière, dit Fergus, en sculptant la tranche de pain épaisse de trois centimètres qu’il s’était coupée.

    - Ne dis pas de bêtises Fergus ! Mais c’est étrange, n’est-ce-pas maman ?

    - Etrange ? Je puis à peine y croire !

    - Mais tu peux me croire… Jane Wilson l’a vue. Elle a accompagné sa mère qui, évidemment, dès qu’elle eut entendu qu’une étrangère s’installait dans le voisinage, s’est précipitée et l’a ensevelie sous une pluie de questions. Elle s’appelle Mrs Graham et porte le deuil, non pas les grands voiles de veuve, mais un deuil plus simple ; elles disent qu’elle est très jeune, qu’elle n’a pas plus de vingt-cinq à vingt-six ans et est très réservée. Elles ont cherché par tous les moyens à savoir qui elle est et d’où elle vient, mais ni les questions directes et opiniâtres de Mrs Wilson ni les manœuvres habiles de miss Wilson n’ont amené une réponse précise, ni même une réponse vague, qui aurait pu satisfaire leur curiosité et jeter un peu de lumière sur le passé ou les relations de cette dame. Elle a été à peine polie et visiblement pressée de les voir à nouveau franchir le seuil. Mais Eliza Millward m’a dit que son père irait très prochainement au manoir, car il estime que Mrs Graham a grand besoin des conseils d’un pasteur ; elle ne s’est pas montrée à l’église dimanche et elle – je veux dire Eliza – demandera à accompagner son père, car elle espère rapporter quelques nouvelles passionnantes de cette visite. Tu sais bien Gilbert, qu’elle obtient toujours ce qu’elle veut. Nous devrions y aller aussi, maman, la plus simple politesse l’exige.