Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • [Livre] Derrière les portes

    derriere les portes.jpg

     

    Résumé : En apparence, Jack et Grace ont tout pour eux. L'amour, l'aisance financière, le charme, une superbe maison.
    Le bonheur.
    Vous connaissez tous un couple comme celui qu'ils forment, le genre de couple que vous aimeriez connaître mieux.
    Vous adoreriez passer davantage de temps avec Grace, par exemple. L'inviter à déjeuner, seule.
    Et pourtant, cela s'avère difficile. Vous réalisez que vous ne voyez jamais Jack et Grace l'un sans l'autre.
    Est-ce cela que l'on appelle le grand amour ?
    À moins que les apparences ne soient trompeuses.
    Et que ce mariage parfait ne dissimule un mensonge parfait.
    Et vous, connaissez vous vraiment vos amis ?

     

    Auteur : B.A. Paris

     

    Edition : Hugo thriller

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 05 janvier 2017

     

    Prix moyen : 20€

     

    Mon avis : Dans la newsletter Babelio, on me présentait ce livre et on me proposait d’en lire un extrait. Dès que j’ai lu celui-ci, je n’ai pas pu attendre et j’ai immédiatement commandé le livre.
    Dès qu’on voit l’attitude de Grace, on comprend que son mariage n’a rien de parfait et que Jack est probablement un mari abusif.
    Alors ce n’est pas faut, mais j’étais loin du compte et je n’avais pas imaginé un personnage d’une telle perversité.
    C’est Grace qui nous raconte son histoire, oscillant entre passé et présent.
    Pendant tout le livre j’ai été prise entre fureur et effroi. Effroi devant la personnalité de Jack mais aussi devant sa capacité, tel un joueur d’échec maléfique, à sembler avoir toujours trois coups d’avance ; et fureur devant la passivité de l’entourage : l’entourage proche qui idolâtre Jack et l’entourage plus éloigné, comme la police ou le personnel de l’hôtel en Thaïlande, qui n’accordent pas même le bénéfice du doute à Grace et considèrent qu’un célèbre avocat comme Jack, défenseur bien connu des femmes maltraitées, ne peut être que ce qu’il parait être : parfait.
    On a ici un thriller psychologique intense, qui ne nous laisse aucun répit (et qui nous fait décider que jamais, au grand jamais, on ne se mariera. Et pour celles qui le sont déjà, que leurs maris ne soient pas étonnés d’être passé à la question à peine la porte franchie, on est jamais trop prudente).
    Il ne faut clairement pas lire ce livre si on est de nature impressionnable, sinon on risque d’avoir peur de son ombre pendant un certain temps.
    Il n’a rien de sanglant, mais il provoque une tension permanente qui ne cesse de monter, sans jamais retomber un peu, jusqu’au dénouement.
    Du coté des personnages, il y en a un certains nombres, mais seulement 2, à part Jack et Grace, on une réelle importance.
    D’abord il y a Millie. Millie a 17 ans, bientôt 18 et est trisomique. C’est la petite sœur de Grace dont elle a la charge, leurs parents, plutôt indignes dans leur genre, ne rêvant que d’être débarrassés une bonne fois pour toute de leurs filles. Millie est une jeune fille enjouée, qui vit dans une pension qu’elle doit quitter à ses 18 ans pour aller vivre avec sa sœur et son beau-frère. Elle est dotée d’une intelligence très fine qui est dissimulée par son handicap.
    Ensuite il y a Esther. Esther est une nouvelle voisine que la vie idyllique que présentent Grace et Jack à la face du monde agace profondément. On voit clairement qu’elle ne croit pas à la perfection de leur vie mais qu’elle pense qu’ils veulent montrer ainsi une certaine supériorité. Pour autant, sa suspicion inquiète Grace comme elle lui donne de l’espoir car celle-ci peut soit lui être favorable, soit la plonger un peu plus en enfer.
    J’ai apprécié que malgré un sujet relativement courant dans les thrillers psychologique, l’auteur ne tombe jamais dans les stéréotypes (parfois un peu dans l’excès, mais une fois pris dans l’intrigue, on n’y fait pas vraiment attention sur le moment).
    Même si on s’attend un peu à la fin (franchement dans une histoire pareille, il n’y a que deux fins possibles), j’ai beaucoup aimé comment cela avait été amené : tout comme le reste du roman, il n’y a rien de brutal, la fin est amenée lentement mais sûrement, en gardant tout son suspense jusqu’à la fin.
    Mon premier coup de cœur thriller de l’année !

    Un extrait : Jack demande un instant d’attention et porte un toast à Esther et Rufus, à qui il souhaite la bienvenue dans la région. Je lève mon verre, avale une gorgée de champagne. Les bulles pétillent dans ma bouche et, soudain, je suis bien. J’essaie de savourer la sensation mais, fugace, elle disparaît aussi vite qu’elle a surgi. Je considère Jack, qui parle avec animation à Rufus, rencontré au club de golf avec Adam, il y a quelques semaines. Ils lui ont proposé un parcours ensemble. Après avoir découvert que Rufus excellait au golf, mais pas assez pour le battre, Jack l’a invité à dîner avec Esther. Je n’ai qu’à les observer pour saisir qu’il désire impressionner le nouveau venu. Il est donc important que je séduise sa femme. Ce ne sera pas tâche facile. Si Diane m’idolâtre, Esther semble plus complexe. Je m’éclipse afin d’aller chercher à la cuisine les canapés que j’ai concoctés un peu plus tôt et pour mettre la dernière touche au repas. L’étiquette – Jack est pointilleux à ce sujet – exige que je ne m’absente pas trop longtemps. Aussi, je m’empresse de battre en neige les blancs d’œuf qui attendent dans un saladier avant de les ajouter à la préparation du soufflé déjà prête. Avec un coup d’œil nerveux à la pendule, je place le mélange dans des ramequins individuels, puis les enfourne au bain-marie. Je vérifie soigneusement l’heure. Un instant, une bouffée de panique me submerge à la perspective de commettre un faux pas. Mais, me rappelant que la peur est mon pire ennemi, je m’exhorte au calme et regagne le salon avec mon plateau d’amuse-gueule. Je les présente aux uns et aux autres, reconnaissante pour les compliments unanimes, parce que Jack n’aura pas manqué de les entendre. Ça ne loupe pas : tout en me gratifiant d’un baiser sur le sommet de la tête, il convient avec Diane que je suis une excellente cuisinière. Je pousse un infime soupir de soulagement. Bien décidée à progresser auprès d’Esther, je m’installe à côté d’elle. Voyant cela, Jack attrape de ses doigts élégants le plateau de canapés.
    — Repose-toi, chérie, tu le mérites, après tout ce que tu as fait aujourd’hui.
    — N’exagère pas, ce n’était rien, je proteste.
    Mensonge. Ce que Jack sait pertinemment, puisque c’est lui qui a arrêté le menu. J’entreprends de poser à Esther les questions de rigueur : s’est-elle habituée à la région ? Inquiétée à l’idée de quitter le Kent ? Ses deux enfants se sont-ils habitués à leur nouvelle école ? J’ignore pourquoi, mais que je sois aussi bien renseignée a le don de l’irriter. Conséquence, je mets un point d’honneur à m’enquérir des prénoms de ses fils et fille, bien que je les connaisse. Ils s’appellent Sebastian et Aisling et ont sept et cinq ans. Je fais comme si je n’étais pas au courant de leur âge non plus. Consciente que Jack surveille mes moindres paroles, je devine qu’il se demande ce que je mijote.
    — Vous n’avez pas d’enfants, n’est-ce pas ? lâche Esther sur un ton qui est plus affirmatif qu’interrogatif.
    — Non, pas encore. Nous souhaitions profiter un peu de notre vie de couple d’abord.
    — Depuis combien de temps êtes-vous mariés ? répond-elle, apparemment surprise.
    — Un an.
    — Ils ont fêté ça la semaine dernière, précise Diane en tendant sa flûte.
    — Et je ne suis pas encore prêt à partager ma ravissante épouse, rigole Jack en la remplissant.
    Durant une seconde de distraction, je contemple une minuscule goutte de champagne qui a giclé sur la serge de son pantalon immaculé, au niveau du genou.
    — Pardonnez mon indiscrétion, reprend Esther, mais l’un de vous deux a-t-il été marié avant ?
    J’ai l’impression qu’elle souhaiterait qu’on lui dise oui, comme si l’existence d’un ou d’une ex tapi dans l’ombre pouvait entacher notre apparente irréprochabilité.
    — Non, je réponds. Ni Jack ni moi.
    Elle dévisage ce dernier, et je me doute qu’elle essaie de comprendre comment un aussi bel homme a réussi à rester libre aussi longtemps. Sentant le poids de son regard, il la régale d’un sourire bonhomme.
    — J’avoue que, à quarante ans, je commençais à désespérer de jamais trouver la femme idéale. Mais dès que j’ai vu Grace, j’ai su qu’elle était celle que j’attendais.
    — C’est tellement romantique ! soupire Diane, qui a déjà eu droit à l’histoire. Je ne compte plus les dames que j’ai présentées à ce célibataire endurci. Aucune n’a eu l’heur de lui plaire. Jusqu’à Grace.
    — Et pour vous, Grace ? me demande Esther. Ça a été également le coup de foudre ?
    — Oui.
    Bouleversée par ce souvenir, je me relève un peu trop vite. Jack tourne vivement la tête dans ma direction.
    — Les soufflés, je me justifie d’une voix calme. Ils doivent être cuits. Tout le monde est prêt à passer à table ?