Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • [Livre] Hate list

    hate list.jpg

     

    Résumé : C'est moi qui ai eu l'idée de la liste.

    Je n'ai jamais voulu que quelqu'un meure.

    Est-ce qu'un jour on me pardonnera?

    C'est ce que pense Valérie, effondrée après un drame inexplicable survenu au lycée. Son petit ami, Nick, a ouvert le feu dans la cafétéria, visant un à un tous les élèves de la liste. Cette fameuse liste qu'ils ont écrite pour s'amuser et où figurent ceux qui étaient odieux, lâches, méprisants dans l'établissement. Maintenant, ils sont blessés ou morts. Et Nick s'est suicidé, emportant son secret pour toujours. Mais Valérie, elle, est toujours là. Jusqu'au matin, où elle se lève et quitte sa chambre pour retourner au lycée...

     

    Auteur : Jennifer Brown

     

    Edition : Albin Michel

     

    Genre : Young Adult

     

    Date de parution : 01 février 2012

     

    Prix moyen : 15€

     

    Mon avis : J’ai passé la moitié de ma lecture avec une boule de rage au ventre.
    L’attitude des parents de Valérie m’a écœurée, surtout celle du père, quoi que la mère ne s’améliore que sur la fin. A aucun moment, ils ne lui laissent le bénéfice du doute alors qu’elle a failli mourir. Dès son réveil à l’hôpital, elle est assaillie de toute part par des personnes qui l’ont déjà déclarée coupable et qui ne lui laisse aucune chance de s’expliquer.
    Alors oui, elle a écrit une liste composée des gens qu’elle n’aime pas (mais aussi des cours qu’elle déteste, des expressions, des aliments… mais ça, personne n’en parle), oui son petit ami a choisi en grande partie ses victimes dans cette liste. Mais en quoi est-elle responsable ? Pour elle ce n’était qu’un moyen comme un autre de se défouler, un peu comme quand on dit : celui-là, je le tuerais volontiers ! Ou, bon sang, je crois que je vais buter mon boss !
    Le seul tort de Valérie est de ne pas s’être rendu compte que Nick ne prenait pas ça comme un jeu. Mais à son âge comment imaginer que son petit copain ait ce genre de pensées ? Comment imaginer qu’il passera à l’acte. C’est le genre de chose qui « n’arrive qu’aux autres », que dans « d’autres lycées ».
    D’ailleurs concernant les victimes, on se demande bien pourquoi les adultes du lycée les ont ainsi laissé, à visage découvert et en toute impunité, pratiquer un véritable harcèlement scolaire sur Valérie, du seul fait qu’elle était gothique et sur Nick, parce qu’il était plutôt gringalet.
    Je ne cherche pas à dire que Nick n’est pas responsable de ses actes, mais que le drame aurait pu être évité si les adultes concernés avaient pris leurs responsabilités plus tôt, au lieu de chercher un bouc-émissaire après coup.
    Parce que c’est bien ce qu’est Valérie : un bouc-émissaire. Et l’adolescente, plongée dans un véritable cauchemar, ne sait pas comment faire comprendre qu’elle n’a rien fait, qu’elle n’est pas responsable. Et quand, finalement, quelqu’un lui tend une perche, elle a accumulé trop de méfiance pour savoir la saisir.
    Et rien ne me choque dans son attitude.
    En revanche, le père de Valérie est méprisable. Non content d’avoir bousillé la stabilité de la famille, bien avant le drame, il a laissé sa fille croire qu’elle en était responsable, puis, après la tuerie, malgré les conclusions de la police, malgré l’avis du psy, il refuse de la voir autrement que comme un monstre.
    Quant à la mère, on se demande quand elle va enfin se décider à se bouger et à se conduire en mère.
    Parmi les adultes, finalement, le seul à avoir trouvé grâce à mes yeux est le psychiatre qu’elle voit après sa sortie de l’hôpital. Il n’est pas parfait, mais il ne stigmatise pas Valérie et cherche vraiment à l’aider à se reconstruire. Bien sûr, il n’est guère aidé par l’attitude des parents, qui détruisent systématiquement chaque pas gagné dans le recouvrement de l’estime de soi de Valérie.
    Valérie nous raconte son histoire en partant de la rentrée qui suit le drame et lors de laquelle elle réintègre le lycée. Tout au long du texte, des articles de journaux nous présentent les victimes et des flash-back nous montrent comment se sont déroulées les choses.
    On va également pouvoir voir comment les média jettent le feu aux poudres, en racontant, sans se préoccuper de la vérité les faits et leurs suites.
    La fin est surprenante, mais finalement, en y repensant, je ne crois pas que Valérie aurait pu prendre une autre décision.
    Comme l’autre roman que j’ai lu de cet auteur, « Tornade », « Hate list » a été un vrai coup de cœur. Un peu atypique, certes, mais un coup de cœur tout de même.

    Un extrait : Mme Tate m’a gardée tellement longtemps dans son bureau que j’ai raté la sonnerie du premier cours et j’ai débarqué au milieu du laïus de rentrée de Mme Tennille. Je sais que Mme Tate l’avait fait exprès pour m’épargner d’avoir à affronter les couloirs aussi tôt, mais je me demande si je n’aurais pas préféré, plutôt que de voir tous les regards se tourner vers moi quand je suis entrée. Au moins dans les couloirs, je pouvais raser les murs.

    J’ai ouvert la porte, et je vous jure que toute la classe s’est figée en me dévisageant. Billy Jenkins a lâché son crayon qui a roulé sous son bureau. La mâchoire de Mandy Horn s’est décrochée si brutalement que j’ai cru l’entendre craquer. Même la prof a arrêté de parler tout net, pétrifiée sur place.

    J’étais là, sur le seuil de la porte, à me demander s’il ne valait pas mieux que je tourne les talons pour filer. Hors de la salle. Hors du lycée. Sous ma couette, à la maison. Expliquer à Maman et au docteur Hieler que j’avais eu tort, que finalement je préférais faire ma terminale avec un tuteur. Que j’étais beaucoup moins costaud que je ne l’imaginais.

    Mme Tennille s’est raclé la gorge en déposant le gros feutre qu’elle utilisait pour le tableau blanc. J’ai pris une profonde inspiration et je me suis faufilée jusqu’à son bureau pour lui remettre le passe que la secrétaire de Mme Tate m’avait donné.

    – Nous étions en train d’étudier le programme de l’année, m’a dit Mme Tennille en prenant le passe. (Son visage était de marbre.) Tu peux aller t’asseoir. Si tu as une question sur un sujet déjà abordé, n’hésite pas à venir me voir après la sonnerie.

    Mme Tennille ne faisait pas partie de mes fans, loin s’en faut. Elle avait toujours eu du mal à accepter le fait que je rechigne à participer aux travaux dirigés en laboratoire, et surtout le fait qu’un jour Nick avait « accidentellement » mis le feu à une éprouvette. Je ne vous dis pas le nombre de fois où elle avait envoyé le pauvre Nick en colle, me fusillant du regard quand elle me voyait l’attendre sur le trottoir en face du lycée.

    Alors qu’a-t-elle ressenti vis-à-vis de moi ce matin-là ? De la pitié, sans doute, parce que j’avais été incapable de voir en Nick ce qu’elle avait toujours vu. Ou peut-être aurait-elle préféré me secouer en hurlant « Je te l’avais dit, petite sotte ! ». Ou elle était carrément dégoûtée à cause de ce qui était arrivé à M. Kline.

    Qui sait, peut-être que comme moi, elle voyait et revoyait la scène un milliard de fois par jour dans son esprit : M. Kline, professeur de chimie, se précipitant comme un bouclier vivant pour protéger les élèves. En larmes. De la morve coulant de son nez, tremblant des pieds à la tête. Les deux bras étendus sur les côtés, tel le Christ, secouant la tête face à Nick qui le défiait tout en paniquant.

    Je l’aimais bien, Kline. Tout le monde l’aimait, Kline. C’était le genre de prof qui venait le jour de votre fête de fin d’année. Le genre de type qui s’arrêtait pour discuter avec vous quand vous le croisiez dans un centre commercial, sans jamais balancer un de ces « bonjour, jeune fille », ou ce type d’apostrophe idiote, typique du dirlo, M. Angerson. Kline, lui, se contentait d’un « Alors, quoi de neuf ? Pas de bêtises, j’espère ? ». Il fermait systématiquement les yeux quand il nous surprenait en train de siroter une bière en douce dans un restaurant. Il aurait donné sa vie pour nous. Et désormais c’est sous ce jour que le monde entier le connaissait. La couverture télé de la tuerie et les articles de cette Angela Dash, journaliste du Sun-Tribune, étaient tels que rares étaient les gens qui ne savaient pas que Kline était mort parce qu’il avait refusé de dire à Nick où se trouvait Mme Tennille.