Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • [Livre] Il m'a volé ma vie

    il m'a vole ma vie.jpg

     

    Résumé : " Une heure, déjà, que le compte à rebours a débuté. Je me dépêche de faire mon repassage. Après, j'aurai trop mal. –; Trente minutes ! J'ai encore mal au crâne des coups d'hier. –; Dix minutes ! Je prends mon fils dans les bras pour aller le coucher. Je ne veux pas que mon bébé sente ma peur. Yassine a mis de la musique pour couvrir le bruit. –; Viens là ! Trois pas. –; Mets les bras le long du corps ! J'ai l'impression que mon cœur va exploser. Une claque, deux, puis les coups de poing. Quand je tombe, il passe aux coups de pied. –; Je t'en supplie, arrête ! J'essaie de me protéger comme je peux, roulée en boule. " Ces scènes de violence, répétées et programmées, Morgane Seliman les a subies pendant quatre ans. Aujourd'hui, avec courage, elle témoigne de ce cauchemar quotidien, mais aussi de la difficulté de partir, de s'éloigner, d'oublier et de se reconstruire. Un témoignage rare sur les violences conjugales et les mécanismes de l'emprise psychologique. En France, chaque année, plus de 200 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles.

     

    Auteur : Morgane Seliman

     

    Edition : XO

     

    Genre : Témoignage

     

    Date de parution : 1 Octobre 2015

     

    Prix moyen : 12€

     

    Mon avis : Ce livre m’a énervée. Il m’a énervé parce que je pense à ce que dit Morgane Seliman au début : « Pourquoi je supporte tout ça ? Je sais que c'est compliqué à expliquer, que bien souvent les gens me regardent d'un drôle d'air quand je raconte mon histoire. Du moins ceux qui ne connaissent pas les arcanes du harcèlement psychologique, de l'emprise, des mécanismes de la violence. »
    Mais quand on lit le livre, on comprend pourquoi les femmes restent. Comment partir quand les administrations et la police elle-même dévoilent sa nouvelle adresse à l’homme violent ? Quand, lorsqu’on appelle la police pour leur demander de l’aide, on répond qu’il faut appeler pendant les violences ? Quand, une fois qu’on a réussi à s’enfuir, la police ne bouge pas pour faire cesser le harcèlement ? Quand la police et la gendarmerie montre leur réticence à prendre les plaintes ? Quand la justice traite la victime comme une coupable ? Quand ce genre d’homme est relaxé et libre de se lancer à la poursuite de sa proie dans la grande majorité des cas ?
    Parce que la violence ne s’arrête pas parce que la femme a quitté son conjoint ! Morgane Seliman a été espionnée, suivie, harcelée au téléphone, par SMS, menacée de mort… Et personne n’a rien fait. Aujourd’hui encore, elle vit sur le fil du rasoir, parce que non seulement la cour d’appel a allégée la sentence déjà ridicule qui avait été posée en 1ère instance, mais en plus son bourreau se paye le luxe d’aller en cassation. Et pourquoi se priverait-il ? La justice le soutient presque, on lui laisse un accès total aux informations concernant son ex-femme, aucune mesure n’est prise pour la protégée, ni elle, ni son fils. La police néglige de rechercher des preuves et de les verser au dossier, et pas n’importe quelles preuves, des preuves essentielles !
    Je suis totalement écœurée par l’attitude des différentes administrations, peut être encore plus que par Yassine lui-même. Parce que si ce genre d’homme continue à se comporter ainsi, c’est qu’ils savent qu’ils peuvent le faire en toute impunité.
    Alors peut-être que Morgane a commis une erreur en se laissant prendre dans les filets de Yassine, mais si elle l’avait repoussé, je pense qu’il n’aurait pas accepté « non » comme une réponse et qu’au lieu d’un livre sur la violence conjugale, elle aurait écrit un livre sur le viol et la séquestration. Yassine se croit au-dessus des lois, son attitude, même en dehors de celle qu’il a avec Morgane le montre bien. Ce genre de personne devrait être mis hors d’état de nuire. La sentence pour de la violence conjugale devrait être de plusieurs années et non de quelques mois.
    Dans très peu de temps, Yassine sera de nouveau dans la nature, libre de tout contrôle judiciaire, libre de faire de la vie d’une autre un enfer.
    Morgane a vécu un vrai calvaire, d’autant plus que Yassine n’est pas seulement violent, il est sadique.
    Alors oui, elle a été un temps découragée, mais je trouve qu’elle a montré une force incroyable, surtout qu’elle n’a pas eu beaucoup de personnes pour se battre à ses côtés. Son fils peut être fier de sa maman.

     

    Un extrait : Yassine, je le connaissais de réputation et j’avais croisé sa route deux ou trois fois, sans lui parler. C’était un ami du frère de mon petit ami de l’époque, Franck. « Yassine le terrible », c’était un de ses surnoms. Yassine capable de tout. Tout le monde en avait un peu peur, parce qu’on savait dans le coin qu’il ne se laissait pas faire, qu’il réglait ses comptes, et pas toujours avec les formes.

    Le jour où il m’a parlé pour la première fois, j’étais à un match de foot avec mon ami.
    Nous étions installés au bord du terrain, avec plusieurs copains, tranquilles. Yassine est arrivé avec sa démarche caractéristique. Un pas un peu chaloupé, la tête bien droite. Son air de conquérant. De type qui sait qu’il en impose et qui le montre. Il a un petit sourire en coin, content de lui…
    Il s’approche avec ses yeux verts qui pétillent, et lance sans même saluer l’assistance :

    - Franck, j’ai un mot à te dire. Je voulais juste que tu saches qu’un jour, Morgane, elle sera ma femme. Et on aura plein d’enfants. Sur ce, bonne soirée les gars.

    Il se tourne vers moi, plante ses yeux dans les miens et continue :
    - Morgane, à plus tard…
    Là, il fait une sorte de petite révérence, en nous regardant toujours fixement, puis il repart, marchant comme un prince, sans se retourner.
    Mon copain lance :
    - Vas-y, Yassine, va-t-en ! Allez, va-t-en !
    C’est passé bien au-dessus de la tête de Yassine…

    C’était ses premiers mots pour moi et je me suis dit qu’il était franchement culotté de venir, comme ça, dire un truc pareil à mon copain. J’étais estomaquée de son culot, mais aussi flattée, sans le formuler vraiment, de son intérêt pour moi. Avec Franck, nos relations se distendaient, il ne me prêtait plus vraiment attention. Le regard vert de Yassine sur moi, ç’a réveillé quelque chose.


    Je l’ai revu ensuite par hasard, on se croisait parfois le dimanche. Chaque fois, il me souriait, charmeur, et il me disait :

    - C’est avec moi que tu devrais être. Je suis comme toi, moi. Je suis égyptien… je suis comme toi.

    Dès le début, c’est quelque chose qui revenait en boucle dans son discours avec moi. Toujours avec ces étoiles dans les yeux qui me troublaient. Jamais un homme ne m’avait regardée comme ça, en me faisant sentir à ce point qu’il me trouvait belle. Quand je croisais son regard, je me sentais électrisée.