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  • [Livre] Running Man

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    Résumé : Au début du XXIe siècle, la dictature s'est installée aux Etats-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeu suivie par des millions de « fans » : c'est « La grande Traque ».
    Ben Richards décide de s'engager dans une compétition mortelle pour trouver l'argent nécessaire afin de soigner son enfant. Pendant trente jours, il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés à sa poursuite, déterminés à le tuer, et échapper aussi à la curiosité des « honnêtes » citoyens, encouragés à la délation et qui reçoivent une prime pour tout renseignement susceptible d'aider à le localiser. Ben Richards a-t-il une chance de s'en sortir quand tous les moyens sont bons pour l'éliminer ?

    Auteur : Stephen King

     

    Edition : Le Livre de Poche

     

    Genre : Science-fiction

     

    Date de parution : 19 Avril 1988

     

    Prix moyen : 7€

     

    Mon avis : Le premier point fort de ce livre c’est les chapitres faits sur le modèle du compte à rebours. Le compte démarre à 100, les « chapitres » ne sont pas d’une longueur régulière même s’ils sont généralement assez courts, ce qui ajoute à la tension instaurée par Stephen King. C’est presque impossible de laisser le livre de côté sans se faire violence tant on veut savoir ce qu’il va se passer.

    Le libertel, une télé obligatoire (il est obligatoire de l’avoir mais pas de la regarder, ce qui nous semble normal mais, dans cette histoire, ne l’est pas tant que ça. La loi sur le visionnage obligatoire n’étant pas passée à quelques voix près) est un instrument de contrôle des populations. Il diffuse surtout des jeux de télé-réalité qui permettent aux pauvres de réussir à gagner un peu d’argent mais qui sont le plus souvent mortels pour les participants. On voit clairement que c’est un moyen pour les pouvoirs publics de contrôler la population : les riches sont accros à ces jeux, et les pauvres, qui doivent subir de nombreux tests pour être sélectionnés, se pressent pour participer par désespoir, ce qui permet aux autorités de se débarrasser des indésirables au grand jour sous couvert de jeux.
    Ce qui m’a fait « sourire » d’entrée, c’est que l’action se situe en 2025. Stephen King l’ayant écrit en 1987, c’est donc un livre futuriste. Et je me dis qu’il n’avait pas grand espoir ni grande confiance en l’humanité pour imaginer une telle société qui se serait mise en place en moins de 40 ans…
    On voit la manipulation des autorités qui présentent Ben Richards comme un monstre maléfique, le faisant détester avant même que le jeu commence. Les photos de sa femme sont également retouchées pour qu’elle ne puisse pas inspirer la moindre compassion. Le jeu est clairement truqué car si Ben doit survivre un mois, si chaque citoyen peut gagner de l’argent en donnant des informations sur sa localisation s’il le repère, si chaque chasseur tué par Ben lui rapporte de l’argent supplémentaire, en réalité les dés sont pipés : ceux qui aident Ben sont condamnés à mort, les chasseurs sont à ses trousses, mais aussi la police. Il est donc considéré comme un prisonnier en cavale et non pas simplement comme un participant à un jeu qui a accepté de mettre sa vie dans la balance.
    Il faut dire que Ben est dangereux pour le pouvoir en place : il est pauvre mais intelligent, il sait lire, il sait réfléchir (dans un pays où il faut un salaire de cadre supérieur pour avoir le droit d’accéder aux bibliothèques), il remet en cause le gouvernement, refuse de se laisser mourir dans son coin en silence, il veut faire bouger les mentalités, faire sortir les pauvres de leur inertie et tenter de réveiller les consciences des riches. Et cela, le gouvernement ne peut pas se le permettre car, comme toute dictature, si le peuple dépasse sa peur et décide de se battre, ils savent que leur régime s’écroulera.
    La fin m’a surprise. Je ne sais pas vraiment si je l’apprécie. Disons que j’aurais aimé une autre fin, mais que, au vu des évènements, je trouve qu’il n’y avait guère d’autre fin possible.

    Un extrait : A l’entrée du couloir, une main s’abattit lourdement sur son épaule.

    — Eh ! Toi, ta carte !

    Richards la montra. Le flic se détendit. Son visage de fouine exprimait la déception.

    — Ça vous plaît de refouler les gars, hein ? lui dit Richards. Ça vous donne de l’importance.

    — Tu veux retourner d’où tu viens, minus ?

    Richards avança. Le flic ne fit rien pour l’en empêcher.

    Arrivé à mi-chemin des ascenseurs, il se retourna :

    — Eh, m’sieur ! (Le policier le regarda d’un air menaçant.) Vous avez une famille ? La semaine prochaine, ça pourrait être vous !

    — Circulez ! cria le flic, furieux.

    Une vingtaine de candidats attendaient devant les ascenseurs. Richards montra sa carte au flic de service. Celui-ci l’examina attentivement.

    — T’aimes jouer au dur, fiston ?

    Richards sourit.

    — Ça m’arrive.

    — Ils vont vite te ramollir, t’en fais pas. Tu feras le malin, quand t’auras trois balles dans la peau ?

    — Autant que vous sans votre revolver et avec votre froc à vos pieds, rétorqua Richards sans cesser de sourire.

    Un moment, il crut que le flic allait l’assommer, mais il se contenta de dire :

    — Tu perds rien pour attendre. Tu te traîneras à genoux avant que ça soit fini, t’inquiète pas.

    Le flic se tourna vers de nouveaux arrivants et demanda à voir leur carte.

    L’homme qui attendait devant Richards se retourna. Il avait un visage triste et malheureux ; ses cheveux bouclés faisaient des crans.

    — Tu sais, mon gars, tu devrais pas les asticoter comme ça. Le téléphone arabe, ça marche.

    — Vraiment ? répondit Richards avec affabilité.

    L’homme se détourna.

    Les portes du premier ascenseur s’ouvrirent soudain. Un flic noir au gros ventre protégeait la rangée de boutons de son large dos. Au fond de la cabine, un autre policier, assis derrière un panneau en plastique à l’épreuve des balles, lisait un magazine sado en 3— D. Il tenait un fusil à canon scié entre les genoux.

    — Serrez au fond ! cria le gros flic d’un air important. Allons, serrez !

    Tassés au point qu’il devenait impossible de respirer, ils montèrent d’un étage. Les portes s’ouvrirent. Richards, qui dépassait tous les autres d’une tête, vit une vaste salle d’attente avec des rangées de sièges et un énorme Libertel. Il aperçut aussi, dans un coin, un distributeur de cigarettes.

    — Sortez ! Sortez tous ! Les cartes à la main gauche !

    Sous la surveillance de trois policiers, chacun montra sa carte à l’œil impersonnel d’une caméra. Pour une raison inconnue, une sonnerie retentit à la vue d’une douzaine de cartes, dont les détenteurs furent ramenés dans l’ascenseur.

    Richards montra sa carte. On lui fit signe d’avancer. Il alla droit vers la machine à cigarettes, obtint un paquet de Blams et s’assit le plus loin possible du Libertel. Il alluma une cigarette et rejeta la fumée en toussant. C’était sa première depuis six mois.