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  • [Livre] Otage de ma mémoire

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    Résumé : En se réveillant ce matin-là, tous ses souvenirs ont disparu. Sa voix également. Qui est-elle ? Pourquoi personne ne s’inquiète-t-il de son absence ? Quelles sont les réelles motivations de ceux qui prétendent l’aider ? Et surtout, pourquoi l’éventualité de retrouver la mémoire l’effraie-t-elle autant ?

    Plongez avec elle sous hypnose dans les méandres de sa mémoire, de son identité, des épisodes de sa vie, pour remonter le temps jusqu’au jour où tout a basculé.

     

    Auteur : Marilyse Trécourt

     

    Edition : Autoédition

     

    Genre : Thriller psychologique

     

    Date de parution : 23 Mai 2016

     

    Prix moyen : 14€ en papier; 2,99 en ebook

     

    Mon avis : On a ici un roman très court (oui bon, promis avant de relire cette chronique je n’avais pas fait attention à cette phrase et au nom de l’auteur…) mais très bien construit.
    D’habitude, je ne lis pas de roman autoédité. Parce que jusque-là, je n’ai eu que de très mauvaises expériences : mal écrit, histoire incohérente, orthographe digne d’un enfant de 7 ans… bref, totalement illisible en ce qui me concerne.
    Ce livre, je l’ai gagné des mains de l’auteur, Marilyse Trécourt, grâce à un petit concours qu’elle a organisé sur twitter. Quand j’ai participé, je ne savais pas que le roman était autoédité, et tant mieux, sinon j’aurais eu des réserves, peut-être même que je n’aurais pas tenté ma chance et ça aurait été drôlement dommage.
    Parce qu’on a ici un livre très bien écrit, recherché mais avec un style clair et incisif qui le rend très vite addictif.
    Ce n’est pas un thriller à proprement parlé, car il n’y a pas de pure enquête criminelle, mais c’est une sorte de thriller psychologique : ça ne fait pas peur, mais on ressent une certaine tension.
    J’ai beaucoup aimé le personnage d’« Ariel » qui, même si elle a peur de découvrir la vérité sur elle-même, ne lâche rien et continue de se battre pour retrouver la mémoire. Il faut dire qu’il y a de quoi être angoissée quand on se réveille amnésique et muette sans savoir si cet état va durer ou non.
    A travers les séances d’hypnose, on découvre le passé de la jeune femme depuis sa naissance jusqu’à l’évènement qui lui a fait perdre la mémoire.
    Les personnages qui entourent Ariel à l’hôpital sont attachants que ce soit l’infirmière, l’inspecteur, le médecin ou Thomas, un autre patient. Les personnes extérieures à l’hôpital le sont, dans leur très grande majorité, beaucoup moins (à l’exception de Mamina). J’ai été très déçue par l’attitude d’un des personnages du passé d’Ariel, qu’on voit donc essentiellement dans ses « souvenirs ».
    Cette alternance du passé et du présent rajoute à notre frustration car, quasiment tout du long, on en sait plus qu’Ariel.
    Un des personnages se recoupe dans son discours et du coup devient suspect à nos yeux, un autre est odieux et égoïste, un troisième est décevant, un autre est tout simplement un vrai monstre (désolée, je ne vous dit pas lesquels… Non, en fait, je ne suis pas désolée du tout, courrez acheter le livre, ça en vaut la peine)…
    J’ai un petit bémol sur la fin de l’histoire. Pas sur l’écriture ni la manière dont c’est amené car il n’y a rien à redire à ce sujet, mais sur le fond.
    Tous les personnages, même le plus odieux, ont de bonnes excuses pour leur attitude et la manière dont c’est présenté entérine ces excuses. J’aurais pu comprendre que chacun des personnages cherche à se dédouaner mais pas que ce soit tenu pour acquis. J’ai eu l’impression que les pires horreurs pouvaient être commises du moment que le personnage avait été « malheureux » jadis. Je trouve cela un peu facile et j’aurais aimé des conséquences un peu plus sérieuse pour certains d’entre eux.
    Mais bon, cela, ce n’est qu’une opinion personnelle qui n’enlève rien à la qualité de l’histoire.
    L’auteur a réussi le tour de force, qui n’arrive pas toujours à réussir des auteurs ayant trente ans de carrière derrière eux, de réussi à nous présenter une histoire cohérente, qui avance à un bon rythme et qui ne bâcle pas certains aspects pour aller plus vite en environ 200 pages.
    J’ai passé un super moment de lecture et j’en remercie encore Marilyse Trécourt d’une part pour avoir écrit ce roman et d’autre part pour m’avoir permis de le découvrir.

    Un extrait : Où suis-je ? Je n’en ai pas la moindre idée. Tout est blanc. Triste. Froid. Je suis frigorifiée. J’ai mal. A la tête, aux jambes. Dans le cœur. J’ai peur. Je ne sais pas pourquoi. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment de la peur. C’est autre chose. Du vide. Voilà, c’est ça, je suis vide. Creuse, comme un puits sans fond. Abandonnée de l’intérieur.

    Je sais que je suis en vie mais je ne sens pas la vie. Juste le vide. Juste une lettre en plus mais avec la vie en moins.

    Pourquoi ? Pourquoi cette sensation m’envahit-elle et me donne-t-elle un vertige incommensurable ? Ça me donne la nausée. J’essaie de me raccrocher à quelque chose. De me retenir aux branches. De ne pas tomber dans ce vide qui m’aspire. Inexorablement. Je coule. J’essaie de donner un coup de pied pour me faire remonter à la surface. Mais je ne bouge pas. Pas d’un centimètre. Mes pieds ne répondent pas. Mes mains non plus. Rien. Rien ne réagit. A part mes paupières. J’arrive à peine à les soulever. Mais ça me demande un tel effort que je n’ai qu’une envie. De les refermer, pour m’endormir et oublier. Et tenter d’échapper à ce gouffre noir et effrayant. De rêver. De me raccrocher à des bulles de bonheur, de souvenirs réconfortants. Je cherche. Je creuse. En vain. Et je me retrouve au fond du puits. Seule. Dans la pénombre. Aucune lumière ne vient me réconforter. Je n’ai aucun souvenir.

    Je suis… Je ne sais pas qui je suis. Une fille. Une femme peut-être. Je crois. Je ne sais pas.

    J’ai peur. Je voudrais crier, hurler, pleurer comme un enfant. Mais j’en suis incapable. Rien ne bouge.

    Je suis enfermée dans mon corps. Et mon corps est vide.

    Peut-être suis-je morte ? Peut-être est-ce cela la mort, finalement ?

    Bip Bip Bip

    Ce bruit. Je le reconnais. Je l’ai entendu tout à l’heure. Au milieu de cris, de mots que je ne comprenais pas. J’étais allongée. On me poussait, vite.

    Des mots me reviennent. Constantes ? Trauma crânien… Chimie… Deux culots de O nég… On la perd… Pouls à 67… Appelez Cholard… Le bloc est prêt…

    Je n’y comprends rien. Je ne comprends rien à rien.

    Et maintenant ? Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? Vais-je rester dans cet état ? Combien de temps ? Toute ma vie ? Ou toute ma mort…