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  • [Livre] Deux gouttes d'eau

     

    J’ai participé à un challenge qui consiste à sélectionner trois livres dans la PAL de notre binôme. Celui-ci choisi lequel des trois il lira et chroniquera. Ma binôme (ma vie livresque) et moi avions choisi de lire les trois livres que chacune a choisis pour l'autre (c'est qu'on a une PAL assez conséquente à faire descendre!)

     Ce livre est le troisième que m'a choisi Ma vie livresque dans le cadre du challenge Livra'deux sur livraddict.
    Pour sa part elle n’a toujours pas commencé ce troisième livre malgré le fait que le challenge soit arrivé à son terme. Je poste donc ma chronique et je vous engage à surveiller son blog pour son troisième livre qui est April, May & June de Robin Benway

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    Résumé : Une jeune femme est retrouvée morte dans son appartement de Boulogne-Billancourt, massacrée à coups de hache. Elle s'appelle Élodie et son ami, Antoine Deloye, est identifié sur l'enregistrement d'une caméra de vidéosurveillance de la ville, sortant de chez elle, l'arme du crime à la main. Immédiatement placé en garde à vue, Antoine s'obstine à nier malgré les évidences. Il accuse son frère jumeau, Franck, d'avoir profité de leur ressemblance pour mettre au point une machination destinée à le perdre. Quand Franck Deloye arrive au commissariat central pour être entendu, le trouble est immense : il est impossible de différencier les deux hommes, qui se ressemblent, littéralement, comme deux gouttes d'eau... Le divisionnaire de la PJ en charge de l'enquête, Robert Laforge, un homme réputé pour sa compétence mais aussi son intransigeance et ses éclats incontrôlés, va devoir tirer au clair avec son équipe ce véritable casse-tête. Lequel des deux jumeaux ment, lequel est le bourreau, lequel la victime ?

     

    Auteur : Jacques Expert

     

    Edition : Sonatines

     

    Genre : Thriller

     

    Date de parution : 22 Janvier 2015

     

    Prix moyen : 8€

     

    Mon avis : Régulièrement, entre les chapitres consacrés à l’enquête, on repart en arrière et on découvre la naissance et les premières années des jumeaux. Dès leurs premiers jours, dès leur naissance même, on sent une atmosphère pesante autour d’eux. La première chose qui vient à l’esprit est : ils ne sont pas normaux. Ils sont étranges. Sans qu’on sache exactement quoi.
    J’en suis à un peu plus d’une centaine de pages de lecture et j’avoue que je n’ai aucune idée duquel des jumeaux est un meurtrier. Est-ce Franck ? Est-ce Antoine ? Et si c’était les deux ? Après tout, quel meilleur moyen d’échapper à la justice que d’instaurer un doute sur la culpabilité. S’il est possible que ce soit l’autre jumeau qui soit le coupable plutôt que celui traduit en justice, comment obtenir une condamnation ? Le doute doit toujours profiter à l’accusé, n’est ce pas ?
    Franck me parait trop poli et trop désireux « d’aider » pour être honnête et Antoine a une attitude assez bizarre pour un innocent.
    Le commissaire Laforge m’énerve un peu. Il est tellement persuadé de son bon droit, ou plutôt tellement persuadé d’être au dessus des règles, tant il terrorise collaborateurs, subordonnés et même supérieurs hiérarchique, qu’il bafoue les règles les plus élémentaires de la procédure, notamment en refusant d’appeler l’avocat d’Antoine.

    Du coup on est partagé : d’un coté on veut que la vérité éclate parce que le meurtre d’Elodie Favereau est vraiment horrible et on ne veut pas qu’il reste impuni ; et d’un autre coté, j’avoue que pour ma part, j’espérais que Laforge se plante et soit sanctionné parce que je trouve que je genre de personne n’a pas sa place dans la police. Etre dans la police ne donne pas tous les droits, ça ne donne que des devoirs.
    Je n’ai pas été surprise par la fin de cette histoire car je m’y attendais mais cela ne m’a pas dérangé car l’important dans ce livre, ce n’est pas tant la fin mais le déroulement qui y mène.
    On se retrouve dans une histoire qui a lieu en grande partie à huis-clos et on ne s’ennuie pas une seule seconde.
    Toutes les certitudes s’effondrent quelques pages après avoir été formées. Chaque indice semble discréditer un témoignage, chaque témoignage invalide un indice.
    C’est un vrai casse-tête. C’est aussi comme une avalanche : on voit arriver la masse qui va nous engloutir, on voit parfaitement ce qu’il va arriver, mais on ne peut pas s’empêcher de continuer à regarder, on ne peut pas détourner les yeux.
    Comme dans son livre « la femme du monstre », il n’y a pas vraiment de personnages sympathiques. On est plutôt pris entre divers degrés d’antipathie et on ne sait plus bien comment on veut que l’histoire se termine.
    Ici pas d’action, de coup de feu, de course poursuite ou de témoin/flic/jeune fille en détresse sauvé in extremis du méchant, parfois (souvent) en lui collant fissa une balle entre les deux yeux (on économise les frais de procès).
    Non, on est dans un casse-tête chinois, un pur thriller psychologique, dans lequel on essaie de ne pas se noyer sous les pièces du puzzle, de ne pas perdre le fil, pour finalement arriver à passer la ligne d’arrivée, content, comme les flics, du devoir accompli…ou peut être pas…

    Un extrait : « Il est neuf heures, un flash d’information. Une jeune femme assassinée à coups de hache à Boulogne-Billancourt… »
    Assis à l’avant du véhicule, le commissaire divisionnaire Robert Laforge se tient droit, raide, comme dans une volonté de compenser sa petite taille et son buste court. Il tend l’oreille, la voir du journaliste est grave quand il annonce : « exclusivité RTL : Une jeune femme de vingt-sept ans a été trouvée assassinée à son domicile de la rue Carnot à Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne, baignant dans son sang. Ce sont ses voisins, alertés par des cris, qui ont avertis la police. La mort serait due à plusieurs coups de hache, dont l’un, fatal, au niveau du crâne. L’enquête a été confiée à la police judiciaire… »
    Tout cela est à peu près exact. Si ce n’est que la réalité est encore pire : la jeune femme que vient de voir le commissaire a été massacrée.
    Et décapitée.

    Le domicile en question est un deux-pièces situé au troisième étage, au numéro « 20 » de la rue Carnot. La jeune femme s’appelle Elodie Favereau.

    Alerté vers trois heures du matin par le commissariat central, Laforge avait rejoint son adjoint le commissaire Étienne Brunet, qui l’avait précédé sur les lieux. La scène de crime était intacte, rien n’avait été déplacé, et personne n’avait touché au corps, conformément aux ordres du divisionnaire. La jeune femme était nue sous un peignoir blanc noirci de sang. Une jambe pâle s’en échappait, laissant apparaître une entaille sur la cuisse. Un autre coup avait été porté sous la poitrine, là où reposait sa main droite.

          Effectivement, comme l’a dit le journaliste à la radio, le corps baignait dans une mare de sang. Mais ce n’est pas cela qui avait impressionné le commissaire. Il en avait tant vu dans sa longue carrière de flic, rien ne semblait plus pouvoir l’horrifier aujourd’hui… Ce qui l’avait laissé sans voix, c’était la tête coupée de la jeune femme, posée sur la table basse. Elle avait été placée toute droite, soigneusement, elle penchait à peine. Coincé à la base du cou, un cendrier l’empêchait de basculer. Le visage était orienté en direction de la porte d’entrée. Les longs cheveux bruns ensanglantés avaient été ramenés sur son visage, comme si on avait voulu le cacher. Le commissaire avait été le premier à les écarter, du bout des doigts. D’une de ses mains gantées, il avait maintenu la tête. De l’autre, il avait écarté les mèches coagulées, avec d’infinies précautions. Alors, il avait découvert le visage d’une jolie jeune femme aux traits fins, aux yeux d’un noir intense. Volontairement, sans aucun doute, son assassin ne les avait pas refermés.

          L’impression qui se dégageait de cette mise en scène était sans équivoque : le tueur l’avait placée là comme un trophée.

          Les gars de la scientifique étaient arrivés vers sept heures. Tout le monde, les flics qui avaient fouillé l’appartement de la jeune femme et relevé des empreintes déjà parties au labo, avait alors dû dégager. Mais pas lui. Incapable de se détacher de cette scène de crime atroce, éprouvant un besoin primordial de s’en imprégner, il était resté assis sur une chaise de paille, un peu à l’écart, comme aux aguets. Autour de lui la police scientifique continuait de s’affairer, dans son ballet parfaitement ordonné et silencieux. Deux hommes en combinaison blanche passaient l’appartement au crible, centimètre après centimètre, tandis qu’un autre multipliait les clichés. Ce rituel l’impressionnait à chaque fois, même s’il faisait partie de ces flics qui préféreront toujours se fier à leur intuition qu’à la technologie. 

          Laforge était là depuis plus d’une heure quand l’un d’eux, qui s’était présenté comme le chef, s’était approché de lui. Il avait ôté ses larges lunettes de protection, puis d’une voix monotone, comme s’il lisait un simple rapport de police, avait annoncé à Laforge qu’ils n’avaient relevé qu’une seule trace d’empreintes. « Probablement celles de la décédée. En revanche, il y a des traces de sang dans le siphon de la baignoire et nous avons des cheveux qui ne sont pas ceux de la décédée. On aura un ADN, commissaire. »

          Laforge n’avait pas aimé ce type et sa façon de répéter « décédée ». Il s’était contenté de lui demander de continuer à chercher. L’autre, avec une assurance agaçante, avait répondu :

          « On ne trouvera rien de plus, commissaire. On range ! »

          Laforge s’apprêtait à lui rentrer dans le lard, mais son portable avait sonné.

          C’était Étienne Brunet, son adjoint. Il appelait depuis le commissariat tout proche de Boulogne. L’information qu’il avait à lui communiquer était une bombe : la caméra de surveillance placée à l’angle de la rue Carnot et de l’avenue André-Morizet avait saisi l’image d’un homme sortant de l’immeuble à 22 h 02. La capuche qui lui dissimulait en partie le visage était retombée au moment où il se penchait pour glisser un objet enveloppé dans un tissu taché de sang dans la bouche d’égout, en face du numéro cinq de la rue. Sur l’image, on le voyait la remettre d’un geste vif, en jetant des regards de part et d’autre, vérifiant s’il avait été vu par des passants. Puis il s’éloignait rapidement, tête baissée. Brunet exultait au téléphone : « Son visage est parfaitement reconnaissable. La bouche d’égout est juste sous un lampadaire. Le type s’est fait choper comme un con ! »

         En quittant les lieux, deux heures et demie plus tard, précédant dans l’escalier étroit le corps de la jeune victime que l’on emporte jusqu’à l’ambulance, le divisionnaire se dit simplement que cette affaire va être rapidement résolue.